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vendredi 25 décembre 2020

MANGA : My dear cold-blooded king

 


  • L'auteur est Lifelight
  • Manhwa disponible  uniquement sur support dématérialisé et en ligne. 
  • Vous trouverez My dear cold-blooded King en VF sur Webtoon.com
  • Il fait à peu près 160 épisodes dont seulement une partie est traduite en français (37 épisodes). 


Parmi toutes les séries proposées sur Webtoon, My dear cold-blooded king est lune de celle qui m'avait le plus séduite. Et, franchement, jusqu'à la fin de la deuxième saison, c'était vraiment le cas, la troisième m'a déçue. Je m'explique avec ce synopsis. 

Issue d'un milieu modeste, Kihara Mei est une jeune marchande qui vit dans la simplicité et qui n'imagine pas voir sa vie changer. Mais un jour, elle fait face à de dangereux assassins qui attentent à la vie d’un garçon, se trouvant être le frère du roi. À présent, avec les yeux du Roi Sanguinaire rivés sur elle, sa vie paisible allait devenir un enchevêtrement de secrets, de tromperies et de désir.


Cette série nous propose une jeune femme, Mei, qui se trouve propulsée dans la politique royale en sauvant un jeune prince (qui disparait totalement de l'histoire au fur et à mesure, bizarre). Elle bouleverse le doeur des deux hommes forts du pays, les deux demi-frères s'alternent le pouvoir royal. L'un est froid et torturé, voulant toujours la préserver de tout ; l'autre est passionné et confiant, la laissant guide de son destin. Le tout est parsemé de moments d'action qui ponctuent la romance historique. 

La romance est vraiment intéressante dans un contexte historique fort imaginaire où une femme est indépendante et peut devenir guerrière de son propre chef et où les rois n'hésitent pas à partir en première ligne. Mon oeil ! Mais bon, c'est coloré et exotique -- un peu dépaysant, quoi ! -- et la romance est sympathoche. 

Là où le bas blesse, ce sont les intrigues politiques qui sont ... nulles, toujours à peine effleurées pour servir la romance et très inconsistantes. Or, la troisième saison s'y attaque plus spécifiquement et ne réussit pas plus. C'est donc une saison que je trouve inutile, ce d'autant qu'on arrive au même statu quo qu'à la saison précédente.

Bref c'est gratuit, ça coûte rien d'essayer mais pas plus. 

vendredi 28 février 2020

MANGA : Ombres et lumières




" Quand on vous envoie épouser un duc sanguinaire, mieux vaut être un poil préparée psychologiquement. Surtout si vous savez que vous n’êtes pas exactement celle qu’il attendait… "

Par où  commencer ? Peut-être par un synopsis un peu plus concret que cette mise en bouche ? Non plutôt par quelque chose d'encore plus concret : qu'est-ce qu'Ombre et lumières ?

C'est un manhwa, manga coréen, disponible  uniquement sur support dématérialisé et en ligne. Vous le trouverez en français sur Delitoon.com, ce qui veut dire que chaque chapitre vous coûtera quelques centimes. Toutefois, si vous êtes un lecteur en anglais satisfaisant et si vous le cherchez sous son titre traduit (Light and Shadow), il est possible que vous tombiez dessus assez facilement sur une page illégale qui vous permettra de le lire en toute tranquillité pour votre porte-monnaie. Je dis ça, je dis rien.

Donc, reprenons :
  • Les auteurs sont Heewom et Ryuhyang. Coréens. 
  • Vous pourrez trouvez Ombres et lumières en VF sur Delitoon.com.
  • La première saison fait 103 épisodes, ce qui vous en coûtera un peu moins de 59,4 €. 
  • La deuxième saison est en cours. 
  • Une troisième saison devrait être prévue.
  • Néanmoins, la série est connue internationalement comme Light and shadow. Golden time, pour la seconde saison.




Ombres et lumières (saison 1)



Edna est envoyée au casse-pipe à la place d’une autre. C’est sa maîtresse, la belle Ayna, qui l’a forcée à épouser cette brutasse de duc à sa place. Mais le duc est bien plus clairvoyant que prévu ... et bien moins butasse. Edna a finalement plus à craindre de son passé, car la jeune femme a perdu son identité bien connue, celle du prince Eden, fausse identité créée par les ambitions de sa mère. 


Parmi tout les manga de princesses, impératrices ou autres, celui-ci fait partie de mes préférés. Edna qui porte en elle les traces d'une double identité a un caractère particulièrement fort et subtil. C'est un personnage également particulièrement humain et chaleureux qui vient adoucir le duc Eli. Après quelques chapitres, la romance nait, tout en douceur, avec une confiance mutuelle qui réchauffe le coeur. Quant tout semble écrit pour un happy-end de conte de fée, l'auteur nous surprend avec de l'action et des rebondissements. Edna est loin d'être passive ! On lui a appris à prendre les responsabilité d'un homme et elle ne l'a pas oublié pour notre plus grand bonheur ! La saison se termine sur un hiatus temporel qui nous montre le fils ainé d'Edna déjà bien âgé que l'on suivra dans les saisons suivantes.

Bref, une lecture sans prise de tête mais pas débilitante, avec des dessins de qualité.



Golden time (saison 2)


A suivre



jeudi 21 novembre 2019

Manga : Captive hearts




Captive hearts est un manga créé par Matsuri Hino, qui est surtout connue pour Vampire Knight, un shojo très connu pour ceux qui l'ignorerait. A l'époque où j'appréciais particulièrement ce genre de récit, j'ai cherché à revenir sur les débuts des auteurs pour lesquels j'avais un coup de cœur. C'est ainsi que je me suis intéressée à cette série relativement courte - elle ne fait que 5 tomes - dans le style encore un peu immature de l'auteur.

Plongeons donc dans cet univers !


Résumé

Les Kuroishi sont majordomes des Kôgami de génération en génération. Cet attachement n’est pas seulement lié au fait que ce sont des employeurs formidables mais à une malédiction qui contraint les Kuroishi à les servir pendant 100 générations. Mais suite à une expédition en chine, les Kôgami ont disparu laissant Megumi Kuroishi et son père profiter de leur demeure et de leurs biens. Un jour pourtant, le père de Megumi lui annonce avec émotion que ses recherches ont enfin abouties, et qu’il a fini par retrouver Suzuka, la fille de leurs maîtres. Adieu donc opulence et oisiveté, le jeune homme va maintenant profiter de son héritage familial : la servitude.


Nous sommes donc face à un shojo dans son pur jus : c'est une amourette assez facile, systématiquement empêchée par des évènements extérieurs impromptu et adaptée au jeunes adolescentes. En effet, nous nous arrêtons à quelques gentils baisers et beaucoup de bienveillance de chacun des personnages. Par contre, bien que l'univers paraisse réaliste de prime à bord, l'intrigue autour de la malédiction prend de l'ampleur au fil du récit et est véritablement exploité par Matsuri Hino. C'est parfaitement son genre de mêler ainsi fantasy et romance, dans un semblant de comédie, comme on peut le retrouver dans Meru Puri.




Avec ce premier tome, nous faisons connaissance avec trois personnages très présents du début à la fin, c'est-à-dire :

  • Megumi Kuroishi est un étudiant du supérieur qui se repose sur ses lauriers depuis que la famille Kôgami a disparu mystérieusement. Pédant et oisif, il paraît odieux sur les toutes premières pages mais cette impression est très vite remplacée quand la malédiction le rattrape. On finit par ressentir de la compassion et s'amuser de ses paradoxes. Sa psychologie est totalement interdépendante de celle de Suzuka. 
  • Suzuka Kôgami est une jeune femme quand elle revient dans la maison familiale. Elevée par un couple de chinois travailleur, elle montre tout de suite son coeur en or et l'absence d'intérêt matériel. Son caractère plein et doux est un peu surjoué pour qu'elle soit totalement attachante à elle seule. Seul le fait qu'elle donne la réplique à Megumi lui donne une véritable valeur. 
  • Monsieur Kuroishi, le majordome, est surtout le père de Megumi. Avec une sorte de flegme britannique, il passe toujours derrière les bêtises de nos deux protagonistes précédents. 

Sinon, il ne se passe pas vraiment grand chose. Suzuka apparait et réactive la malédiction de Megumi. Pourtant, seule la malédiction explique toutes sa dévotion ? La réciprocités de leur sentiments ? On navigue entre les intentions parfois conflictuelles des amoureux. Le tout alternés des différentes frasques pleines d'humour où Megumi passe en mode "esclave de Suzuka". Le seul problème est que le comique de répétition ça marche un temps mais on s'en lasse vite. Il est donc temps de passer à autre chose dans le tome 2.






Résumé

Megumi Kuroishi et Suzuka Kôgami sont amoureux. Mais à cause de la malédiction du dragon protecteur de la famille Kôgami, dès que le regard de Megumi croise celui de Suzuka, une crise d'esclave se déclenche ! et ceci rend leur histoire d'amour assez difficile à vivre... C'est dans ce contexte un peu étrange qu'Hiryû, l'héritier du groupe Takatsukasa, fait sa demande en mariage à... Suzuka !


En fait, ce second tome ressemble un peu trop encore au premier. On apprécie seulement l'ajout du riche Hiryû Takatsukasa, un prétendant potentiel pour Suzuka, et de son légèrement perfide  chauffeur Minato Shibata. Ceux vont mettre à l'épreuve  les sentiments qu'éprouvent Megumi et Suzuka. Ne vous attendez néanmoins pas à grand chose. Nous restons ici dans une comédie romantique, qui se veut hyper gentillette. C'est donc malheureusement très simpliste et prévisible. On profitera néanmoins du côté princesse de conte de fée sauvée par son preux chevalier.

Arrive ensuite un personnage un peu surprenant et peu réaliste mais en tout cas amusant : la mère de Megumi. Enquêtrice internationale, celle-ci revient en réalité pour demander l'aide de Suzuka dans une enquête sur des enlèvements d'enfants.

Car elle a fait brièvement partie de ces enfants avant de pouvoir s'enfuir avec un autre gamin de son âge. Ces souvenirs ont disparu et c'est la patience de tout le monde et l'amour de Megumi qui vont permettre de faire progresser cette affaire.
Cette histoire permet de plonger dans le passé incertain de la jeune femme et d'étoffer un peu sa psychologie qui était jusque-là très superficielle. Un moment un peu plus intime et intéressant.





Résumé

Le lien qui unit Megumi et Suzuka est devenu si fort qu’ils ne peuvent plus vivre l’un sans l’autre. Mais la quête de Suzuka pour lever la malédiction des Kuroishi n’avance pas et la jeune fille s’inquiète. Les Crises d’Esclave empirent. Pour la rassurer, Yoshimi, le père de Megumi, lui raconte l’histoire de leurs ancêtres. Une histoire qui permet au lecteur d’en savoir davantage sur la malédiction du dragon.



Le tome 3 embraye immédiatement sur l'histoire de la malédiction, que tous cherchent à lever tellement elle empoisonne la vie de Megumi (et fournit encore et toujours quelques gags répétitifs). L'auteur en profite pour glisser une petite nouvelle historique et joliment tragico-romantique sur les ancêtres de Megumi et Suzuka. Une belle histoire qui se glisse magnifiquement bien dans le récit et allège un peu le côté comédie qui est parfois un peu exacerbé.

J'ai trouvé ce tome inutilement long dans sa seconde partie. L'arrivée d'une servante qui pense connaitre les relations et la place de chacun donne du fil à retordre aux deux tourtereaux ... mais n'apporte strictement rien au récit. Je passe donc cette partie sans aucun intérêt et qui casse le rythme apporté depuis le tome 2.





Résumé

L’arrivée de Rui à la résidence Kôgami oblige Suzuka à prendre une décision quant à ses sentiments envers Megumi. Pour qu’ils soient enfin sur un pied d’égalité, la jeune fille décide de se rapprocher de lui. Si l’idée est sympathique, le résultat en revanche est catastrophique puisque la malédiction empire de plus belle.



Soyons honnêtes ... il ne se passe quasi rien dans ce tome. Au final, si on le passait et lisait directement le dernier tome, ça ne changerait rien. Je dois bien avouer que je me suis bien ennuyée dans ce tome. Alors, autant la première fois, ça passait, autant la relecture pour cette chronique, j'ai lu purement en diagonale. Seule les histoires bonus ont apporté un peu de fun avec l'histoire de la rencontre entre les parents de Megumi. Je sais que je suis potentiellement hermétique aux shojo qui dégoulinent trop l'amourette à l'eau de rose mais ici ... je ne sais pas, c'est peut-être juste trop répétitif. Je vous invite donc à passer tout de suite à mon avis sur le dernier tome.






Résumé

Voici le dernier tome de cette amusante et émouvante histoire magnifiquement racontée et superbement dessinée par Matsuri Hino. Suzuka et Megumi se rendent en Chine où ils espèrent bien découvrir le moyen de lever la malédiction. Mais à peine arrivés, ils sont attaqués par un groupe d'hommes masqués, eux aussi prêts à tout pour retrouver le dragon !


Ce tome détonne un peu par rapport au reste de la saga, avec un peu d'action et de magie, mais permet d'enfin offrir une fin et une explication sur cette malédiction. Alors, je ne dirais pas que la conclusion est bonne, ni mauvaise, mais dans le ton général de Captive Hearts, assez prévisible avec beaucoup de bons sentiments. Et comme d'habitude, aucun vrai méchant à l'horizon. 

Pour reprendre le résumé de l'éditeur, une fin certes amusante mais point très émouvante. 

Je me rends compte à ce stade que je n'ai jamais parlé du dessin. En fait, je n'ai pas grand chose à en dire pour ceux qui auraient déjà découvert vampire Knight, si ce n'est que le dessin est encore immature, avec des mentons très pointus et recourt régulier à la schématisation. Je vais même dire que je le trouve parfois un peu brouillon. Sinon, on reste dans un dessin très shojo qui ne dénote pas avec de beaux garçons aux cheveux mi-longs et des filles très féminines avec des formes très légères. 



En conclusion, 
un shojo assez court (heureusement) qui manque un peu de prétention et de scénario mais qui se laisse lire. Les personnages sont suffisamment pétillants pour maintenir le show un moment mais, ne vous y trompez pas, on a déjà vu mieux. 

Une note ... 3/5





lundi 6 mars 2017

Les reines de sang

Les reines de sang correspond à plusieurs séries de bandes-dessinées retraçant le parcours de femmes de pouvoir qui n'ont pas hésité  mettre leur pays à sang pour assouvir leur soif de gloire et de vengeance. Leur histoire, très romancée, est réalisée par différents auteurs et scénaristes rendant l'ensemble un peu hétérogène, mais globalement dans le même style de trame.


Aliénor, la légende noire
Simona Mogavino (Auteur), Arnaud Delalande (Auteur), José Luis Rio (Auteur), Carlos Gomez (Illustrations)

1137. Aliénor, duchesse d’Aquitaine âgée de quinze ans, devient reine de France. Humiliée en public par sa belle-mère, traitée comme une enfant par le conseiller du roi, tenue à l’écart des affaires du Royaume, Aliénor fait le serment de prendre la place qui lui revient et que personne ne se mettra sur son chemin. Politique, intrigante, amoureuse perfide ou sublime, elle décidera du cours de l’Histoire.

En cours : 5/6

Belle et ambitieuse, sa jeunesse est marquée par son idéal d'honneur et de vengeance. Elle entraîne jusqu'à la folie son mari Louis, roi de France, qui le lui fera cher payer en l'isolant des décisions politiques. Pourtant n'est-elle pas simplement une femme de pouvoir qui cherche sa place par la passion au sein d'un monde d'homme ? Son désir de briller l'amène au divorce d'avec la France pour trouver la tête de l'Angleterre. Ce n'est pas une femme sensible, ni attachante et elle reflète plus une époque qu'un idéal dans cette série historique. Elle grandit et prend en maturité en avançant : de la passionnée, c'est une femme froide et déterminée que l'on découvre. 

En règle générale, l'histoire manque d'intrigues bien développées : elle sont le plus souvent passées en vitesse et ne laissent pas de véritable surprise. Je trouve qu'il faut attendre les derniers tomes pour que la situation change un peu et que les manipulations politiques gagnent en importance. Dommage. Son intérêt principal est donc son aspect historique, un peu romancé.



Isabelle, la louve de France
de Thierry Gloris (Auteur), Marie Gloris  (Auteur), Jaime Calderón (Illustrations), Johann Corgié (Couleurs)

Pour raison d'Etat, Isabelle de France épouse Edouard II, roi d'Angleterre, homosexuel notoire. Intelligente, calculatrice et déterminée, elle conduira avec son amant, Roger Mortimer, la révolte des barons anglais, provoquant la chute de son époux honni ainsi que l'avènement de son fils aîné, Edouard III. La postérité fera d'elle la Louve de France...


Reine d'Angleterre et princesse de France, elle aurait pu avoir tout ce qu'elle désirait mais le mari que son père lui a choisi se montre cruel et méprisant envers elle. Femme bafouée, sa vengeance prendra du temps mais elle sera terrible. Ce récit en deux tomes propose une trame courte et un peu limitée. Ceci ajouté au fait que le récit parait moins historique que romancé, il perd de son intérêt bien qu'il permette encore de voyager dans une autre époque avec d'autres règles. De plus, on s'y perd facilement entre les différents personnages, dommage qu'il n'y ait pas un rappel de temps en temps pour rendre le récit plus fluide et plus agréable. Bref, un bon moment de détente sans plus. 



Frédégonde, la sanguinaire

573. Les ambitions de Frédégonde ont déclenché une guerre fratricide aux résultats incertains. Acculée, la nouvelle reine de Neustrie doit réagir. Faisant fi des obstacles qui se dressent devant elle, elle n'a plus qu'un seul but : prendre possession du pouvoir absolu. Pour ce faire, elle va user et abuser des plus viles stratégies et devenir celle que l'Histoire surnommera la Reine Sanguinaire




Tseu Hi, la dame dragon

Tseu Hi, la Dame Dragon ou le destin tragique d'un couple improbable : une belle ambitieuse et un jeune mendiant qui, à force de volonté et d'esprit de revanche, gravissent une à une les marches du pouvoir de la Chine impériale. Devenus courtisane et eunuque, ils vont manipuler les rouages dune société engoncée dans un traditionalisme et des tabous d'un autre âge.







lundi 27 février 2017

Jeremiah - Hermann



J'en profite cette fois pour vous présenter une BD connue et assez ancienne puisqu'elle a vu le jour en 1979 sous la main de Hermann. En février 2017, elle est composée de 34 tomes dont le dernier est paru l'année précédente, soit une belle longévité pour un univers dont on ne se lasse pas.


Jeremiah est une série d’anticipation post apocalyptique, qui se place à une période indéterminée. En voici la présentation de l'éditeur : "En perpétuelle errance sur des terres dévastées, confrontés à d'autres survivants qui reproduisent à l'identique tous les travers qui ont déjà conduit la planète à sa destruction, Jeremiah le réfléchi et Kurdy la tête-brûlée ont l'art de mettre les pieds là où il ne faut pas. Dans ce monde anéanti par la folie des hommes, la règle du jeu, c'est la loi du plus fort, dans l'âpre violence d'un retour aux premiers âges." Un peu déjà-vu, peut-être ? Une flopée de récits d'anticipation et de dystopie ont fleurit dans les maisons d'édition depuis. Pourtant, cette série se démarque très clairement et a su se réinventer au fil des parutions.

Nous y découvrons deux hommes que tout aurait dû séparer : la moralité, les rêves, la famille, ... Cependant, le destin est bien facétieux : obligés de collaborer ensemble un temps, une amitié profonde s'installe. Jeremiah, encore insouciant à ses débuts, représente la moralité du duo et cherche longtemps à reformer un foyer. Kurdy, lui, n'a jamais connu ni foyer, ni morale et son avenir est toujours sur les routes, dans de nouveaux coups fourrés. Les années et les aventures défilent, les personnages évoluent, gagnent en ampleur. Paradoxalement, chaque tome pourrait être lu indépendamment mais de nombreux personnages reviennent régulièrement enrichir l'aventure. C'est le cas de Léna, femme de caractère, ou de Stonebridge, à la fois ennemi récurrent du duo et contre-pendant malchanceux de Kurdy.

Avec plus d'une trentaine de tomes, l'univers de Jeremiah est loin d'avoir révélé tous ses secrets. Des paysages et des thèmes peuvent sembler récurrents comme les expériences médicales inacceptables, l'esclavage ou presque, les sectes, l'intrusion du surnaturel, etc, et la structure de la société toujours pareille, c'est-à-dire une élite qui domine une majorité prolétaire, jamais l'histoire ne se répète vraiment. Malgré tout, le récit conserve de grande valeurs morales et, sans entrer dans le prototype du justicier, les méchants finissent toujours punis d'une manière ou d'une autre, parfois de la manière la plus inattendue ou la plus cynique. Je pense que c'est ce qui fait en partie la particularité de cette bande dessinée et la rend si intéressante. Le lecteur n'a pas non plus envie de se couper des évènements et le récit peut se révéler plein de suspens ou touchant.


Comme vous l'aurez deviné, j'ai vraiment adoré Jeremiah et je le recommande aux amateurs du genre. Malgré sa parution relativement ancienne, il est encore parfaitement au goût du jour.



Du côté du dessin. Il est qualifié de réaliste : la réalité est dessinée aussi dans ses défauts, que le coup de crayon ne cherche pas à embellir, mais ce n'est pas non plus un univers sombre ou glauque (à quelques exceptions près). Les traits sont donc assez particuliers et faciles à différencier d'une autre bande dessinée, tout en étant à agréable à l’œil. D'autre part, depuis les années 70-80, les techniques de dessin, d'encrage ou de mise en couleur ont bien évolué, avec notamment l'apparition du numérique. Jérémiah a également suivi ces évolutions et, si le dessin en soi n'a pas trop changé, les couleurs ont gagné en nuances et en détails. Les premiers tomes ont donc encore cette vieille patines que les plus récents ont laissé de côté. Bien ou mal ? A chacun d'en juger mais je trouve que les deux ont leurs charmes.



Je vous laisse en lien un article que je trouve intéressant et qui fait une analyse assez riche de Jeremiah.  >>> <<< 



Liste des tomes :

  1. La Nuit des rapaces (avril 1979)
  2. Du sable plein les dents (octobre 1979)
  3. Les Héritiers sauvages (janvier 1980)
  4. Les Yeux de fer rouge (juillet 1980)
  5. Un cobaye pour l'éternité (mai 1981)
  6. La Secte (février 1982)
  7. Afromerica (septembre 1982)
  8. Les Eaux de colère (avril 1983)
  9. Un hiver de clown (novembre 1983)
  10. Boomerang (octobre 1984)
  11. Delta (octobre 1985)
  12. Julius et Roméa (octobre 1986)
  13. Strike (mai 1988)
  14. Simon est de retour (septembre 1989)
  15. Alex (septembre 1990)
  16. La Ligne rouge (octobre 1992)
  17. Trois motos… ou quatre (février 1994)
  18. Ave Caesar (mai 1995)
  19. Zone frontière (avril 1996)
  20. Mercenaires (septembre 1997)
  21. Le Cousin Lindford (octobre 1998)
  22. Le Fusil dans l'eau (mars 2001)
  23. Qui est Renard Bleu ? (mars 2002)
  24. Le Dernier Diamant (avril 2003)
  25. Et si un jour, la Terre… (avril 2004)
  26. Un port dans l'ombre (octobre 2005)
  27. Elsie et la rue (janvier 2007)
  28. Esra va très bien (janvier 2008)
  29. Le petit chat est mort (janvier 2010)
  30. Fifty-Fifty (février 2011)
  31. Le Panier de crabes (janvier 2012)
  32. Le Caïd (février 2013)
  33. Un gros chien avec une blonde (septembre 2014)
  34. Jungle city (octobre 2015)



vendredi 20 mai 2016

Lanfeust de Troy - Arleston, Tarquin


Scénariste : Christophe Arleston
Dessin : Didier Tarquin
Editeur : Soleil
Série en 8 tomes.


Sous ses dehors de BD jeunesse, Lanfeust de Troy nous offre un voyage épique et humoristique dans un univers au bestiaire farfelu, avec un style clairement adapté aux adultes. Evidemment, il n'a pas fallu à ce récit original et complexe pour devenir très populaire et se décliner en série et produits dérivés, plus ou moins utiles.


Dans le monde de Troy où chacun possède un pouvoir, Lanfeust, un apprenti forgeron peut fondre le métal. Il connaît une vie paisible jusqu’au jour où il découvre qu’au contact d’une épée, il peut posséder le pouvoir absolu ! 
Accompagné du vieux sage Nicolède et de ses deux filles, Cyan et Cixi, il est emporté dans un tourbillon d’aventures au cours desquelles il va se lier d’amitié avec la plus dangereuse des créatures, le troll Hébus ! 
De son petit village de Glinin à la ville éternelle d’Eckmül, en passant par les lointaines baronnies, suivez Lanfeust dans sa fabuleuse quête qui décidera du sort de Troy !



Voilà donc un aperçu très alléchant ! J'ai planté le décors mais qu'en est-il de mon avis ?

Dés les premières planches, on plonge dans un univers qui a quelque chose de nouveau et il faut vraiment s'y accrocher pour adhérer. Après tout, on découvre trois pays avec des moeurs totalement différentes et qui ne traitent pas la magie de la même façon. Le premier est celui qui a vu naître Lanfeust et où tout le monde a un pouvoir, excepté les sages, êtres de science qui on fait voeu de distribuer la magie à tous les autres. Le second, les Baronnies, est constellé de territoires où le chevaliers se font la guerre à l'infini et ne pratiquent guère la magie : ils en sont même effrayés. Et enfin, Darshan, région exotique qui me fait presque penser à la Chine moyenâgeuse, où la magie passe nécessairement par les dieux. Toutes ses régions sont traversées par Lanfeust lors de sa quête. Ce faisant Arleston et Tarquin ont furieusement mélangé volontairement différents genres de fantasy d'une manière détonante et hautement ironique. Ces chevauchements créent un univers complexe et intéressant, d'autant que le dessin suit cet aspect : paysages luxuriants près d'Eckmül, la rudesse des régions européennes ou l'exotisme oriental des villes de Darshan.

Mon seul regret quant à l'univers irait peut-être au fonctionnement social qui est peu décrit, remplacé par le ton humoristique qui se moque des stéréotypes du genre fantasy et ne quitte aucun album. Ainsi la place des femmes est peu claires, voire carrément ambigue, ce qui permet les exubérances des deux héroïne, le fait qu'elles se retrouvent souvent à moitié nues et le potentiel un peu machiste des personnages masculins, le tout mélangé donne un drôle de résultat qui a au moins le don de faire rire.

Comme vous avez pu le constater, le premier tome commence de manière très classique : un jeune homme modeste se découvre un pouvoir inattendu, qui va l'entraîner dans des aventures épiques et des nouveaux paysages, lui qui ne désirait qu'une existence tranquille. Cet aspect est exploité pour démonter ces scénarios stéréotypés et non pour aboutir à un récit gnan-gnan. Au cours de ces 8 tomes tant le dessin que la richesse du scénario ou les personnages, évoluent sans jamais perdre en qualité.



Une fois que l'on accroche à l'univers, l'aventure est addictive et mérite même plusieurs relectures pour profiter totalement de tout ce qu'offre les auteurs. Ainsi, on peut accorder une attention particulière aux jeux de mots, aux détails cachés et aux petites énigmes.

Lien vers les solutions de ces énigmes.

Pour en revenir aux personnages, Lanfeust est un gentil garçon, même trop, pour ne pas dire complètement ennuyant ! Heureusement, ses compagnons de voyage sont fait d'un autre tempérament, en particulier le troll Hébus et la séductrice Cixi, qui donne un peu de punch à l'ensemble. Dés le second tome, on rencontre le vrai grand méchant : Thanos, aux antipodes de Lanfeust mais doté du même pouvoir. Horriblement sadique et indéniablement vicieux, il n'en manque pas une pour mettre son grain de sel pour s'emparer du pouvoir du pouvoir absolu, qu'il a bien du mal à conserver à cause de son arrogance, mais il a l'excellente idée de rythmer le récit. Voici donc les personnages que l'on suit tout au long du récit.

J'hésite à en dire plus mais j'ai bien peur alors d'en dévoiler trop, ce serait dommage. Petite remarque à part : la dernière intégrale est enrichie du volume 1 de l'Encyclopédie Anarchique du Monde de Troy, que je vous conseille vraiment !



Une note ... 5/5








dimanche 24 avril 2016

Elfes


Les elfes nous évoquent des mondes imaginaires, une magie proche de la nature, une immortalité fragile et, sans aucun doute, des combats épiques. C'est un peu de tout cela que l'on retrouve dans cette bande-dessinée qui nous décline ce peuple en plusieurs races : elfes bleus, blancs, noirs, sylvains ou demi-elfes. Chaque tome alterne ces différents types d'elfes, approfondissant à chaque fois un peu plus ce que l'on connait d'eux. Si chacun développe des héros différent, un thème persiste : la menace de l'Homme sur leur peuple tout entier. Pourtant, on pourrait y voir une autre ligne : comment ce peuple s'autodétruit-il en fuyant les Hommes ?


Cette série est toujours en cours donc mon article aussi  ! Elle est actuellement actuellement composée de 16 tomes. 

Une particularité intrinsèque est le changement de scénariste et de dessinateur à chaque peuple traité et pourtant les dessins suivent une certaine continuité très agréable. Je ne me suis pas tout de suite rendue compte de cet aspect, c'est dire à quel point l'histoire, le dessin, l'univers sont bien faits ! 


Tome 1 : Le cristal des Elfes bleus.
Par Istin et Duarte

L'elfe Lanawyn et son ami humain Turin découvrent tous les elfes bleus habitant la petite ville portuaire  d'Ennlya massacrés, apparemment, par un clan d'humains. Une enquête s'engage, qui risque de mener à un conflit entre ces deux peuples.
D'un autre côté, la jeune elfe bleue, Valaan semble promise à un prodigieux destin : celui de veiller sur le Crystal des elfes bleus, aux pouvoirs aussi fabuleux que dangereux. Oui, mais ...

Ce premier tome est tourné un peu à la manière d'un enquête policière, ce qui le rend très intéressant et aussi assez original. La fin et les résultats sont d'ailleurs surprenants. L'auteur n'a pourtant pas hésité à glisser des indices. On découvre ici les elfes bleus qui peuplent les bords de mer et dont la magie y est associée. 


Tome 2 : L'honneur des elfes sylvains
Par Jarry, Maconi et Saito

La ville humaine d'Eysine est menacée de disparaître sous des hordes d'Orcs. Lalli est résolue de sauver les siens en demandant l'aide des Elfes sylvains, à la fois anciens alliés et récents ennemis. Par son choix, elle entraîne l'elfe Yfass dans une fois inattendue qui pourrait bien bouleverser leurs deux peuples.

C'est sur une note plus romantique et tragique qu'est mené ce récit à la fois dur et doux, qui montre les elfes sous un autre jour. Les dessins illustrant la forêt-mère sont particulièrement mis en avant, on pourrait se croire dans un autre univers où les personnages n'occuperaient qu'un rôle secondaire. 


Tome 3 : Elfe blanc, coeur noir
Par Peru et Bileau

L'elfe blanc Fall et son père sont sur les traces d'un mythique dragon blanc lorsqu'ils croisent le chemin d'humains dont le jeune Alornell. Leur amitié les conduit vers un destin  inéluctable, dont Fall n'a pas connaissance. Aurait-il pu l'empêcher de toute manière ?

Ce tome est plutôt pris sous la forme d'une quête personnelle de Fall qui part aussi bien à la recherche du dragon que de son passé. On en revient souvent à cette question dans le fantasy : peut-on éviter le destin ? Il met en avant aussi en avant la sagesse et la patience des elfes, qui ne leur apporte pourtant pas toujours la réflexion nécessaire. Dommage ! Avec tout ça, les planches sur la magnifique cité des Elfes blancs restent rares.


Tome 4 : L'Élu des Demi-elfes
Par Corbeyran et Bordier

Cette fois, nous plongeons dans une race rejetée de tous, les demi-elfes, mi-humains et mi-elfes. Après avoir fui l’esclavagisme et ses mines, Nah’Taal et son peuple cherche un lieu où vivre en paix. Les choses se compliquent singulièrement quand les elfes verts refusent étrangement tout accord et qu’un demi-elfe assoiffé de pouvoir et de rancoeur sévit.

On retrouve ici des thèmes courants comme le rejet, le racisme, la vengeance mais aussi l’acceptation et les responsabilités d’un meneur. Je n’ai pas vraiment accroché à cet univers qui est à la fois trop humain, pas assez fantaisiste, très axé sur l’action, contient trop peu d’enquête ou de philosophie. De plus, le dessin me plait moins. que les tomes précédent. Ca n'en reste pas moins une très bonne et agréable BD.


Tome 5 : La dynastie des Elfes noirs
Par Hadrien et Ma Yi

Bienvenue dans les traditions les plus noires des Elfes. Les elfes noires ne sont pas une race à part entière : ils sont représentés par toutes les autres races, chaque membre est choisi pour ses tendances agressives et meurtrières. C'est ainsi que Ga'Wer, ancien elfe bleu rejoint la citadelle des elfes noires pour y faire son apprentissage et devenir un tueur de sang froid, indécelable et nécromancien. Si la plupart des Elfes noirs ne font pas long feu, ils cachent bien leurs terribles secrets.

Ce tome est particulièrement intéressant car il rompt avec la vision idyllique des elfes, plein de douceur et de sagesse. Après tout, tous ces tueurs naissent de ces races presque parfaites. Au premier abord, je me demandais comment on pourrait s'attacher à Ga'Wer, enfant peu sympathique et adulte redoutable et, pourtant, c'est bien ce qu'il se passe. Sans doute son intelligence, les épreuves qu'il passe, et son esthétisme y ont leur importance. Le dessin donne un rendu particulier et adapté : l'ambiance est sombre, souvent menaçante, les personnages ont des expressions agressives. Bref, j'ai particulièrement aimé ce tome.


Pour ce premier cycle, il existe une intégrale. Je ne sais pas si elle offre un contenu particulier.
...

Cycle 2


Ce second cycle montre un schéma bien différent du précédent. Les différents peuples d'elfes commencent à être interreliés par une menace commune : Lah'saa et ses goules que l'on découvre peu à peu. Rien ne semble l'arrêter dans ses sombres projets, que ce soit les elfes bleus ou les demi-elfes. Le monde des elfes s'assombrit dangereusement. A côté de cette histoire, les elfes verts luttent encore pour préserver leur forêt et leur pacte avec les hommes, et leur reine est prête à tout, même à rompre avec ses croyances les plus précieuse pour contrer les Yrlanais. L'elfe blanc, Fall , a retrouvé un sens à sa vie en sauvant les espèces sauvages menacées, quitte à finir traqué. Quant à Da'wen, l'elfe noir, il découvre la réalité de son travail et les cruautés qu'il doit réaliser mais rien n'est simple avec ce prodige qui a gardé son libre-arbitre.

Personnellement, je n'apprécie pas trop cette tournure mort-vivant. J'aime la magie des elfes, leur mystère et donc ce côté glauque et désespérant, me désespère à mon tour. Heureusement, ceci ne concerne que deux tomes sur les trois. Mon avis risque de se détériorer en avançant dans la série même si la plupart des personnages sont intéressants et assez attachants. L'autre point qui me fait peur est, qu'à force de ce centrer sur cette guerre avec les goules, les scénaristes ne développent pas plus l'univers. A suivre donc !

samedi 23 janvier 2016

Pirates - Terpant, Bonifay


Pirates est une sympathique BD historique sur la piraterie. Parfois dure, parfois humaniste, ou encore tragique, elle offre une vision idéalisée de la piraterie, alimentée par l'amitié indéfectible de trois hommes aussi différents que loyaux à leurs principes.

On découvre donc le destin de trois hommes, que les hasards de la vie ont réuni :
Ambroise, le Français, médecin  la Cour qui a du fuir dans les îles.
El Gallo, le noble Espagnol, aventurier dans l'âme et cousin du roi d'Espagne
John, l'Anglais, qui a volé un navire et l'équipage à la Marine anglaise pour devenir le capitaine d'un vaisseau pirate.
Tous les trois si différents mais unis sous la philosophie "On ne devient pas pirates, on nait pirate". Ce sont des personnages très attachants avec leur bonté, leur humour, leur liberté ou même leur humanité. Leur histoire personnelle est assez poussée (pour seulement 4 tomes) et permet de donner de la profondeur au scénario et de lui donner un petit côté inédit.

De tome en tome, on suit leurs aventures à bord du navire et sur terre, toutes en rapport avec la piraterie : chasse au trésor, combats navals, attaques sur des navires marchands, alliances en tant que corsaires, ... Régulièrement de nouveaux personnages apparaissent et deviennent des alliés et beaucoup de femmes au caractère piquant, prennent par au récit. Pourtant, le passé de John les poursuit et menace de les submerger sous la forme du capitaine Blunchis, amer et animé par la vengeance sur celui qui l'a humilié. Comment lui échapper ?

C'est une vision très romantique, idéalisée de la piraterie qui nous est offerte ici, où souffle un vrai vent de liberté et de tolérance. Ainsi, on évoque le droit de vote à bord, la lutte contre l'esclavagisme, ... Peu de sang est versé à chaque attaque, la plupart des hommes ont un minimum d'éducation et font preuve de solidarité. C'est très agréable à lire, mais je pense que ce n'est pas réellement représentatif de la réalité historique. Dommage sur ce point.

Un autre reproche que je lui fais vient de son rythme qui manque de régularité. Le début du récit est lent : il introduit le jeu de relation et l'époque en en devenant presque fatiguant. Ceci alors que la fin se révèle plutôt expéditive et ne laisse pas vraiment le temps au lecteur de comprendre ce qui se passe. Cette fin m'a d'ailleurs laissée sur ma faim : elle manque soit d'émotion, soit de construction, je ne sais pas trop.

Pour ce qui est du dessin, je n'en suis pas tombée sous le charme même s'il n'est pas déplaisant. Je pense que c'est la fixité des personnages et les visages dont la qualité fluctue un peu qui me posent problème alors que la mise en couleur est très plaisante. C'est vraiment une question de gout, voici quelques planches pour vous faire une idée.

J'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir cette bande-dessinée, mais pour autant, je n'en garderai pas un souvenir impérissable. Loin d'être une BD industrielle, elle manque un peu de caractère. Plus qu'un récit historique, c'est une aventure imaginaire qui peut emmener le lecteur dans des îles lointaines et ensoleillées, totalement dépaysantes, qui laissent place à l'imaginaire.

Une note ... 3,5/5

Edition : Casterman
Scénario : Ann Boinet, Philippe Bonifay
Dessin : Jacques Terpant

lundi 11 janvier 2016

Roi ours - Mobidic



Roi ours est une BD en un seul tome qui m'a totalement séduite. Avec ses décors de forêt amazonienne, ses dessins doux mais efficaces et son petit côté conte ancien, il se démarque par son originalité et sa qualité. Une vraie petite perle à mille lieues des séries qui s'écoulent à millions d'exemplaires et qui satisfera les bédéphiles qui en ont marre de l'industriel auquel on a droit habituellement.

J'ai découvert cette BD, par hasard, dans un magazine qui présentait les sorties du mois chez quelques éditeurs, dont Delcourt et Soleil. Immédiatement, la couverture m'avait intriguée et envoûtée. Ce n'est que quelques mois plus tard que j'ai enfin eu un exemplaire dans les mains et que j'ai pu commencer ma lecture.

"Xipil est une jeune fille de chef promise au sacrifice par son propre père au dieu Caïman. Mais Roi Ours ne voit pas les choses de la même manière, libère la jeune fille et l'emmène avec lui. En agissant ainsi, Roi Ours « vole » son offrande au reptile. "

En quelques planches, la magie agit et je suis entrée dans l'univers pour ne plus en ressortir avant d'avoir tourné la dernière page. Ainsi, on fait la rencontre de Xipil et du Roi Ours, un dieu parmi tant d'autres, dont l'union va tout chambouler et modifier des équilibres ancestraux.  Xipil est un personnage intéressant qui développe une véritable rage de vivre et faire des choix difficiles, inattendus. Certains m'ont paru mauvais pourtant, c'est en laissant agir ma compréhension envers ce personnage que j'ai  trouvé le plus le récit d'autant plus passionnant. Xipil va vivre devoir le rejet, l'espoir, l'amour, le bonheur, la haine, la vengeance pour arriver à une nouvelle vie, un nouvel espoir. Des émotions fortes, violentes, qui ne sont pas là pour plaire au lecteur mais pour l'emmener hors des sentiers battus. Malgré les dessins pleins de douceurs et d'une grande beauté, c'est un récit assez dur mais également magique qui nous est livré. Un véritable voyage dans une culture imaginaire avec ses propres règles et son propre imaginaire.


Je pourrais encore en parler longtemps mais ce serait gâcher le plaisir de la découverte. Il n'y a donc rien de plus à ajouter que de présenter quelques planches pour donner un avant-goût. Le choix a été difficile, chaque planche est un vrai régal pour les yeux !

Mobidic a su mener à son terme une histoire touchante et pleine d'originalité en un tome, avec des dessins magnifiquement finis et empreints d'une douceur que le récit n'a pas toujours. C'est vraiment une bande-dessinée que je conseille vivement !


Note : 5/5. Coup de coeur !




Liens intéressants :
Site web de l'auteur 
Magazine planète


mercredi 7 octobre 2015

Yona, princesse de l'aube - Mizuho Kusanagi

19 tomes et +
VO : Akatsuki no Yona
Edition VF : Pika Edition

Source : japan-glossy.fr 

Je préfère présenter des mangas dont tous les tomes sont déjà parus. J'ai alors une meilleure idée de l'ensemble. Celui-ci fera largement exception avec ses 5 tomes VF. Ma chronique évoluera donc sans doute au cours du temps.
Actuellement je suis arrivé au chapitre 105 (scans en ligne).

Qu'est-ce que c'est ?
Un shojo tout mignon dans un univers fantasy, un peu similaire à l'Antiquité japonaise.

Qu'est-ce que ça raconte ?
Yona, 16 ans, est la fille chérie et unique de l'empereur de Kôka. Amoureuse de son cousin Soo-Won et continuellement protégée par Hak, elle ne connaît rien du monde extérieur. Son univers bascule le jour où Soo-Won assassine son père devant ses yeux. Elle est désormais obligée de fuir, de survivre, accompagnée de son fidèle Hak. Pourtant sa chevelure rouge comme l'aube appelle à une histoire, une légende à l'origine de la fondation du pays. Ainsi, pour vivre, elle doit rassembler les quatre dragons, des hommes aux pouvoirs effrayants. Après quoi, elle devra trouver un nouveau sens à sa vie et, peut-être, sauver son pays. Rien de moins !

Que dire du dessin ?
Malgré ses couvertures magnifiques, je suis beaucoup moins satisfaite du contenu. Je crois que je n'aime pas le coup de crayon, un peu brut, surtout sur les visages. Par contre, les vêtements sont très travaillés avec les détails des tissus, et de même pour les décors. Quant aux actions, elles manquent un peu de mouvement et sont très courtes. L'auteur a tendance à énormément remplir ses cases (du moins au début). Le rendu n'est pas mal mais c'est un peu fatigant visuellement (surtout si on le lit sur un écran). Comme beaucoup de mangas qui tirent en longueur, l'auteur a simplifié son dessin peu à peu. Habitude ou problèmes d'échéances ? Quoiqu'il en soit, je suis sure que beaucoup adoreront.

Quant à l'histoire ...

Que s’est-il passé avec ce manga ? Après tout, il présente bien et l’histoire a l’air toute mignonne et même plutôt intéressante. C’est vrai qu’il a beaucoup de chose pour lui. Pourtant, il ne m’a pas emportée, ni même vraiment séduite. Voyons voir plus en détail !

L’univers en lui-même est beau, à défaut d’être original, et on en voit un bon morceau de paysage grâce aux déambulations de l’équipée de héros. Les régions sont très différentes : certaines magnifiques avec les paysages aquatiques, d’autres désertiques, il y a même pas mal d’horizon maritimes, forestier, ou montagneux. On voyage, c’est certain ! Par contre, il reste bien trop simpliste et est plutôt adapté à une clientèle jeunesse jusqu’à présent. Un autre reproche que je lui fais est de n’avoir créé aucun système de valeurs correspondant à l’ambiance médiévale : on se retrouve avec une simple transposition de nos valeurs et de nos mœurs modernes. Dommage !

Comme je le disais, les personnages voient du paysage. Pourquoi ? Parce que leur quête les mène d’un bout à l’autre du royaume de Kôka. Initialement, Yona doit rassembler les quatre dragons qui, inévitablement, sont totalement dispersés et elle donc aussi les persuader de la suivre. C’est une partie sans réelle surprise mais assez distrayante et gentillette. C’est après cette partie que tout part dans tous les sens : quand Yona se met en tête de sauver la terre entière, ou du moins, les habitants de Kôka. A partir de là l’histoire commence à devenir franchement répétitive : les héros voient les problèmes, trouvent une solution, se font des amis, Soo-Won apparait quand tout est fini (juste pour admirer le travail fini peut-être ?) et tout le monde se carapate vers une autre destination. Et rebelote. Tout ceci est entrecoupé de flashbacks qui ne s’avèrent pas toujours utiles sinon à bien casser le rythme du récit. Voilà où j’en suis pour le moment. J’espère que mon avis changera en plus positif avec la suite.

Parlons maintenant des personnages !
Yona, notre héroïne, qui es-tu ? Une jeune fille franchement passive, naïve, qui s’enferme dans son fantasme amoureux avec Soo-Won et juste bonne à protéger. Oui, bon, elle évolue : elle apprend à se servir d’une arme, elle découvre le monde réelle, toujours pleine de bons sentiments. Pourtant, son incapacité à se dire que Soo-Won est vraiment un sale type nous vaut quelques scènes plutôt horripilantes où elle ne cesse de penser à lui au lieu de passer à autre chose. Ce n’est pas comme si son ami Hak n’avait pas des vues sur elle ! De malentendus en dénis, en voilà deux dont la relation ne bouge pas d’un iota pendant un bon moment, à en devenir plutôt agaçant.
Les personnages masculins ont un caractère un peu plus trempés et des talents guerriers exceptionnels (sauf un). Ils sont tous très différents et attachants. Je préfère vous laisser découvrir : Hak, Yoon, Ki-Ja, Shin-ah, Jae-Ha et Zeno.
Un dernier personnage mériterait d’être présenté mais ses actions ambiguës jusqu’ici m’empêche de me faire une idée réelle du personnage. Je parle bien entendu de Soo-Won.

Voilà pour le moment. C’est avis est donc totalement provisoire bien que je ne pense pas qu’il évoluera dans les grandes lignes.

Note (provisoire) … 3/5


lundi 14 septembre 2015

L'arcane de l'aube - Rei TOMA

Série en 13 tomes.
VO : Reimei no Arcana
Edition VF : KAZÉ

La première chose qu'on regarde avec un manga ou une BD, c'est sa couverture, bien plus qu'avec les romans puisque les dessins, les graphismes ont bien plus d'importance dans le contenu. Je vais donc commencer par là pour cette chronique.


Toutes les couvertures sont de cet acabit : très colorées, avec des traits épurés. On aime ou on n'aime pas. Mais, en tout cas, moi, j'adore ! Une particularité de cet auteur est qu'elle travaille tout autant sur la première que sur la quatrième de couverture, voyez par vous-même :

Quatrième de couverture du tome 1

Quatrième de couverture du tome 5
Ceci en fait un magnifique objet avant même d'ouvrir la première page !

Le dessin 
Rei Toma a réalisé des personnages très expressifs, où on lit facilement les émotions sans avoir recourt au texte. Tant qu'à parler des personnages, il faut que je souligne le soin porté aux vêtements. Ainsi, les peuples et les couches sociales se distinguent facilement grâce aux styles et aux détails des vêtements. Par contre, elle travaille beaucoup moins les arrière-plans, quitte à laisser une impression de non-fini. Ceci est toujours au bénéfice des personnages qui sont mis d'autant plus en valeur.  C'est donc un dessin assez épuré, qui laisse libre cours à l'imagination pour combler les vides et recentre bien l'action sur les personnages. Pour montrer, voire détailler, certains évènements, certaines actions, l'auteur utilise des gros plans sur des parties de visage (ou de scène), ce qui offre une impression de mouvement bienvenue. En fait, le dessin contribue à donner un bon rythme à toute l'histoire !

Une page du chapitre 2

L'univers 
Nous nous retrouvons donc dans un univers, dans le genre heroic fantasy, soit médiéval avec un soupçon de magie. Les héros vivent dans une société fortement inégalitaire où les humains ont tous les droits au contraire des demi-humains, qui leur sont pourtant supérieurs en force.  Les demi-humains sont très similaires aux humains excepté le fait qu'ils portent des oreilles, une queue, voire plus, correspondant à un animal. Ajoutez à cela qu'une guerre entre les deux pays qui partagent la même île (Senan et Belquat) fait rage. C'est ainsi que, pour calmer les conflits, Senan a envoyé une princesse (Nakaba) à marier au fils cadet du roi de Belquat (Caesar). La jeune femme est accompagnée de son fidèle serviteur, Loki, un demi-humain. Au fil du récit, on découvre aussi l'existence d'un continent aride où une partie de l'aventure aura lieu

Les personnages
J'embraye donc sur les personnages qui sont une grande force de ce manga. Ils ont tous un caractère bien trempé, mais pas figé. Loin de là ! Ils ne cessent d'évoluer, d'apprendre, de s'ouvrir les uns aux autres.
Nakaba, la princesse rousse méprisée à cause de sa chevelure. Dés le début, elle est forte et indépendante (ce qui est très différent des shojos habituels) mais aussi résignée et sans espoir. Au contact de Caesar, elle prend confiance et s'investit pour ce qui lui tient à coeur.
Caesar, sous ses airs de prince hautain, on trouve quelqu'un de perdu et timide. Très vite, il s'attache à Nakaba, qui l'intrigue et lui donne la force de se battre pour ses propres convictions. Finalement, il peut être très protecteur et prévenant.
Ces deux-là forment un duo incroyable qui se cherche sans se trouver, ne manquant aucun malentendu, aucune situation es mettant en difficulté, sans pour autant que ça devienne répétitif. On ne peut espérer qu'une chose : qu'ils se trouvent enfin une bonne fois pour toute et partagent un avenir heureux. Mais un troisième personnage vient mettre son grain de sel.
Loki, le serviteur demi-humain de Nakaba donc, qui a toujours veillé sur elle, tellement fidèle qu'on en vient à se demander ce qu'ils partagent réellement, ou même à penser à un triangle amoureux. Il ne manque pas une occasion d'égratigner la peau de Caesar de ses lames sans pour autant concrétiser ses menaces. Pourtant, il a ses propres parts d'ombres et de secrets, qu'il ne peut révéler à personne, pas même à Nakaba. C'est un personnage particulièrement complexe, à la fois adorable et menaçant. Vous seriez bien surpris de connaitre toute la vérité à son sujet.
Outre ces trois personnages, d'autres se rajoutent tomes après tomes construisant en douceur l'intrigue finale.

Source image : http://www.manga-news.com/


L'histoire
Souvent, les shojos ne font que raconter une histoire d'amour plus ou moins simple, mais L'arcane de l'aube est bien plus que ça. D'une intrigue de départ plutôt légère, on arrive à un final grandiose en révélations car beaucoup d'éléments, beaucoup de questions se sont rajoutées, étoffant peu à peu l'aventure. Grâce au pouvoir de Nakaba qui permet de lire tant le passé que l'avenir, on comprend les actes de chacun, on plonge assez loin dans la psychologie des personnages. Alors, si vous ajoutez un peu d'humour et des histoires de coeur finalement assez tendres, je ne pouvais qu'adorer.

Des thèmes assez complexes pour un manga qui ne paie pas de mine
Outre une société inégalitaire, on y voit le racisme des uns, l'esclavagisme des autres, tout en contraste avec l'acceptation des différences dont les protagonistes font preuve. Ça me fait un peu penser au racisme envers les Noirs aux USA au début du siècle. Un autre thème vient du pouvoir de Nakaba : lire dans l'avenir et le changer implique parfois des conséquences dramatiques alors qu'on ne pensait que faire le bien. Et sauver une vie peut aussi en arriver à en sacrifier une autre. C'est un pouvoir à la fois maudit et béni. Nakaba doit apprendre à l'utiliser avec sagesse.

Petite conclusion
Vous l'aurez compris, c'est un manga riche et, à mes yeux, magnifique. L'histoire et le dessin sont toujours doux, même dans les moments durs. Ainsi il peut être lu par à peu près n'importe quel public. D'autant plus que le récit est très moral.


Une note ... 5/5


Passez sur le site officiel de Kaze pour
voir le trailer de L'arcane de l'aube
lire un extrait du tome 1