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vendredi 30 octobre 2020

DICKER Joël, La vérité sur l'Affaire Harry Québert

 

  • Auteur : Joël Dicker
  • Titre : La Vérité sur l'Affaire Harry Québert 
  • Editions : De Fallois (2012)
  • 672 pages
  • Prix : Goncourt des lycéens en 2012, grand prix du roman de l'Académie française en 2012, ...







À New York, au printemps 2008, alors que l'Amérique bruisse des prémices de l élection présidentielle, Marcus Goldman, jeune écrivain à succès, est dans la tourmente : il est incapable d écrire le nouveau roman qu'il doit remettre à son éditeur d ici quelques mois. Le délai est près d expirer quand soudain tout bascule pour lui : son ami et ancien professeur d université, Harry Quebert, l un des écrivains les plus respectés du pays, est rattrapé par son passé et se retrouve accusé d avoir assassiné, en 1975, Nola Kellergan, une jeune fille de 15 ans, avec qui il aurait eu une liaison. Convaincu de l innocence de Harry, Marcus abandonne tout pour se rendre dans le New Hampshire et mener son enquête. Il est rapidement dépassé par les événements : l enquête s enfonce et il fait l objet de menaces. Pour innocenter Harry et sauver sa carrière d écrivain, il doit absolument répondre à trois questions : Qui a tué Nola Kellergan ? Que s est-il passé dans le New Hampshire à l été 1975 ? Et comment écrit-on un roman à succès ? Sous ses airs de thriller à l américaine, La Vérité sur l Affaire Harry Quebert est une réflexion sur l Amérique, sur les travers de la société moderne, sur la littérature, sur la justice et sur les médias.


Mon avis 


L'auteur a son lot de détracteurs pour qui il ne fait qu'écrire des romans grand public sans intérêt mais aussi son lot de fans absolus. La polémique entre les deux me fait toujours rire : a-t-on besoin, pour être un auteur de qualité, d'avoir un public quasi sectaire composé de quelques élus digne d'accomplir une analyse savante du récit ? Je ne pense pas et ça ne devrait même pas entrer en ligne de compte. 


Autant vous dire tout de suite, j'ai adoré ! Loin d'être parfait, je lui reconnais d'avoir su me garder en haleine alors que j'avais déjà ma petite idée sur le coupable très tôt et d'arriver encore à me surprendre à la toute fin du roman. Il faut dire qu'on s'y croirait dans cette petite ville des USA, presque stéréotypée, avec ses institutions ou ses personnages comme le shérif. C'est peut-être cette facilité qui lui est reprochée. Pourtant, je trouce que l'on s'y glisse d'autant plus facilement  qu'il n'y a pas à se familiariser longtemps avec l'ambiance générale. 


De même, on découvre petit à petit des informations sur le narrateur qui est perturbé par les terribles accusations sur son mentor. Se servant de l'écriture d'un livre sur l'affaire Harry QUébert, il mène son enquête avec un policier bourri mais intrigué qui lui donne tellement bien la réplique. Ces deux compères fouillent avec acharnement le passé et nous font découvrir Nola, la vraie, sans toute cette apparence naïve derrière laquelle tout le monde voudrait se cacher. 
 
La plume de l'auteur réussit à nous emballer une tragédie comme un belle histoire. Une histoire d'amour, d'écriture et de folie. Un vrai plaisir. 
 
Mais à y regarder de plus près, ne nous a-t-il pas menti ? Car l'écriture de La vérité sur l'affaire Harry Québert, correction du premier livre L'affaire Harry Québert est parsemées d'évènements devinés ou imaginés  par le narrateur sans possibilité de les vérifier. En cela, le récit qui peut paraitre si linéaire gagne en complexité et c'est là que je le trouve génial.  
 
Je le recommande à tous les amoureux de belles histoires et d'enquête douce-amère. Un récit qui, sans être poignant, peut vous mener par le bout du nez de rebondissement en rebondissement pour mieux apprécier les tourments des protagonistes.

jeudi 20 septembre 2018

MUSSO Guillaume, La fille de Brooklyn


Je me souviens très bien de cet instant. Nous étions face à la mer.  
L'horizon scintillait. C'est là qu'Anna m'a demandé :
" Si j'avais commis le pire, m'aimerais-tu malgré tout ? "
Vous auriez répondu quoi, vous ?
Anna était la femme de ma vie. Nous devions nous marier dans trois semaines. Bien sûr que je l'aimerais quoi qu'elle ait pu faire. 
Du moins, c'est ce que je croyais, mais elle a fouillé dans son sac d'une main fébrile, et m'a tendu une photo.
– C'est moi qui ai fait ça.
Abasourdi, j'ai contemplé son secret et j'ai su que nos vies venaient de basculer pour toujours.
Sous le choc, je me suis levé et je suis parti sans un mot.
Lorsque je suis revenu, il était trop tard : Anna avait disparu.
Et depuis, je la cherche.


Mon avis 


Nous voilà plongés dans une enquête haletante où un auteur (Raphaël) cherche désespérément sa fiancée qui semble avoir disparu de la surface de la terre. Mais plus il cherche, plus il piétine dans le passé de la jeune femme, dans les épreuves qu'elle a endurées. Il ne devra pas s'arrêter là et passer au-delà des raisons apparentes, traverser l'océan afin de trouver des réponses inattendues. Ainsi, c'est une lecture très sympathique où on tourne les pages sans penser à s'arrêter. Pourtant, la fin me semble presque gâchée et inutile. Pourquoi rajouter cette histoire autour des autres personnages ? Rajouter de l'émotionnel ? Justifier un thème ? Laisser un peu de mystères autour de certains personnages n'est pas problématique et Musso s'est fourvoyé sur ce point avec ce dernier retournement de situation. Bon, je chicane, je sais.

Globalement, la psychologie des personnages est bien réussie, sauf – et c'est là un hic majeur – celle de Marc Caradec où l'auteur mélange les symptômes d'un choc post-traumatique avec le deuil, une dépression majeure et un peu de psychose, faisant sonner ce personnage perturbé complètement faux. Heureusement, on se laisse promener essentiellement par Raphaël qui semble toujours plein de vie et d'optimisme. En ne lui prêtant pas de passé, il est facile de s'y identifier, de se passionner pour ses recherche qu'il ponctue d'élément sur l'écriture ou que sais-je.

La plume fluide de Musso ne nous abandonne pas ici. Comme à son habitude, il ne s'attarde pas sur les détails et les descriptions scabreuses et passe directement aux choses sérieuses. Ce qui ne l'empêche pas de se lancer quelque fois sur des terrains glissants. Ainsi, il glisse fréquemment dans son aventure et dans les réflexions de ses personnages des allusions quant « être parent », faisant de ceci une sorte de thème, de fil rouge pour son récit. Je trouve qu'il n'a pas trop mal manoeuvré – amenant même des scènes terriblement émouvantes – bien qu'il y ait inévitablement quelques manques de délicatesse dans l'exploitation de ce thème.

Il est maintenant temps de résumer cette chronique qui est partie un peu dans tous les sens (à réécrire un jour ?).

La fille de Brooklyn est un roman où le suspens est particulièrement bien dosé et l'enjeu de l'enquête palpitant. On s'attache facilement aux personnages avec toute une gamme d'émotions. Une lecture très sympathique, surtout si vous aimez déjà l'auteur.

NB : il est amusant d'observer que le seul personnage dont on sait peu du passé est Raphaël qui est justement en train de le reprocher à sa fiancée au tout début du roman, fait exprès ?