vendredi 7 juillet 2023

BOTTERO Pierre & L'HOMME Eric, A comme association

 


A comme association est pour moi un petit bijou de la littérature jeunesse. Sans doute parce qu'il est créé par deux auteurs géniaux du secteur fantasy. Certainement aussi parce qu'il s'inscrit dans un contexte tragique. En commençant ce cycle de huit tomes, il faut connaitre cette partie de la biographie de Pierre Bottero et d'Eric L'homme. 

Ces deux compères se sont pris d'amitié littéraire et ont fini par se dire qu'il serait très amusant d'écrire une saga en commun. Ils ont utilisé plein de clins d'oeil de leurs précédentes écritures pour en faire quelques chose d'original. Ils sont chacun en train d'écrire un morceau de leur côté (ce qui donnera cette alternance entre les auteurs pour les quatre premiers tomes) quand Pierre Bottéro périt dans un accident de moto. C'est le choc et le deuil. Eric L'Homme décidera avec l'accord de la famille de produire l'écrit sous une forme inaboutie. Il l'a continué en intégrant son deuil, cet accident de moto inattendu, que l'on retrouve dans le récit du cinquième tome. C'est un bel hommage à ne pas rater. 

La saga A comme Association est donc composée de ces 8 tomes :

Tome 1 : La pâle lumière des ténèbres 
Tome 2 : Les limites obscures de la magie
Tome 3 : L'étoffe fragile du monde
Tome 4 : Le subtil parfum du soufre
Tome 5 : Là où les mots n'existent pas
Tome 6 : Ce qui dort la nuit 
Tome 7 : Car nos cœurs sont hantés
Tome 8 : Le regard brûlant des étoiles

J'ai réalisé mes avis tome par tome (il y a un bon bout de temps) et il m'est impossible de les réintégrer en un seul avis sans perdre la spontanéité. Cet article restera donc un peu bancal. Je vous propose de surtout lire l'avis du derneir tome, le plus constructif de mon point de vue. 

Tome 1 

Jasper vit à Paris, va au lycée et joue de la cornemuse dans un groupe de rock médiéval. Depuis peu, il fréquente aussi le 13, rue du Horla, l'adresse ultra secrète de l'Association. L'organisation a repéré chez lui des aptitudes certaines pour la magie et lui a proposé de devenir agent stagiaire. Armé d'une bombe lacrymogène au jus d'ail, Jasper est envoyé chez les vampires pour enquêter sur un trafic de drogue.

 Mon avis 

 Voici un nouvel univers où les êtres sont répartis en deux classes, ne pouvant surtout pas se rencontrer : les êtres humains et les monstres. Ceux-ci sont surveillés par les des humains dotés de pouvoirs inhabituels, régis par l'Association dont fait partie le jeune Jasper. Nous suivons donc celui-ci au gré de ses premières missions qui se révèlent plutôt ... surprenantes.

C'est une lecture très agréable, facile, sans mauvaise surprise.

]Certains le trouveront un peu enfantin avec l'humour de Jasper qui se compose principalement de calembours et du côté très court du roman. Personnellement, je me suis bien amusée car l'histoire, les personnages et le rythme sont très entraînants, addictifs : il est difficile de lâcher le livre jusqu'à la fin (et encore, j'ai enchaîné avec le deuxième tome) !

L'histoire est centrée sur un personnage : Jasper. Un ado de 15 ans, un peu gamin et un peu original, mais intelligent, plein d'entrain et toujours optimiste. Comme il a le défaut d'être plutôt pataud dans les scènes d'action (même s'il s'en sort toujours), ça peut donner des moments cocasses, voire très drôles, surtout si des imprévus s'en mêlent !

Le seul problème de ce roman : il est vraiment court. On en veut encore mais c'est déjà fini ! Heureusement, j'avais le deuxième tome sous la main et j'ai embrayé directement : je n'ai que mieux profité du premier tome.


Tome 2 

Ombe, est lycéenne à Paris et adore la moto. Elle a aussi l'incroyable pouvoir d'être incassable ou presque. C'est pourquoi L'Association l'a recrutée comme agent stagiaire. Une stagiaire de choc, qui fait des débuts remarqués en explosant une bande de gobelins devant tous ses camarades de classe. Le problème ? La discrétion est une obligation absolue au sein de L'Association, comme le lui rappelle Walter, son directeur. Et à force de foncer tête baissée, Ombe l'incassable risque fort de comprendre ce que «ou presque» veut dire.

 Mon avis 

Nous découvrons, cette fois-ci, Ombe, une jeune femme de 18 ans, mystérieuse et indépendante, qui adore l'action (elle est d'ailleurs presque incassable, presque). Je me suis très vite attachée à ce nouveau personnage qui se montre confiant en ses capacités et plein de ressource. Elle également capable d'un grand détachement par rapport à elle-même, surtout pour faire une jolie pointe d'humour. Mais attention qui s'y frotte, s'y pique ! Car elle ne manque pas de caractère !

 Bon, évidemment tout n'est pas facile : sa première mission pour l'Association se révèle plutôt désastreuse. Et Ombe ne compte pas décevoir lors de sa deuxième mission qui risque de devenir ... quelque peu délicate. Actions et surprises sont au rendez-vous, en juste équilibre avec les pensées d'Ombe que l'ont suit intimement puisque la narration est à la première personne.

 Bref, c'est un récit très agréable et addictif, très bien réalisé qui promet une belle suite.


Tome 3 

Persuadé qu'Ombe est en danger, Jasper part à sa recherche avec un compagnon inattendu, Erglug, un drôle de troll à l'humour décapant. Catapultés dans un étrange Moyen Âge par le mage Siyah, les deux amis devront conjuguer leurs talents pour sortir de cette mauvaise farce !

Mon avis 

J'ai été très heureuse de retrouver l'univers de A comme association avec Jasper, le magicien au sens de l'humour douteux. 

Cette fois, Jasper est sûr de pouvoir voler au secours de sa belle (Ombe) et, puis ... non. Elle se débrouille bien toute seule mais, en attendant, il se retrouve coincé avec un troll philosophe, quelque peu encombrant - notre cher Erglug - dans un duo plutôt hilarant et pittoresque.  J'ai eu quelques moments de fous rires inextricables (notamment lors de la rencontre d'Arglaé, ceux qui l'ont lu comprendront peut-être). Je ne vous en raconte pas plus pour vous laisser découvrir et savourer.


Tome 4

Que dire de plus sur ce récit si court, si ce n'est que c'est touchant quand il faut, que c'est excellent et qu'on en voudrait toujours plus ? Avec Pierre Bottero, nous retrouvons Ombe – que j'adore -, presque incassable, toujours aussi débordante d'énergie et de répliques virulentes. Et, cette fois, elle est amoureuse ! Et pas de n'importe qui ! D'un magnifique loup-garou qu'elle a rencontré dans son enquête. Au risque de voir son cœur se briser ...

A la fin de ce tome, on sent un net rapprochement entre Ombe et Jasper. C'est très prometteur pour la suite !

C'est avec beaucoup d'émotions que j'ai lu les dernières pages. Deux jours après les avoir écrites, Pierre Bottero se tuait avec sa moto ...


Tome 5 

Que de bouleversements pour Jasper et Ombe dans ce cinquième tome tout aussi excellent que les précédents ! Alors que nos deux héros fêtent le réveillon de noël ensemble, ils se font attaquer par un homme avec cet étrange Taser mortellement magique. Si Jasper se retrouve à l'hôpital, Ombe semble, elle, être là où les mots n'existent pas.

On retrouve donc un Jasper secoué et bien changé, décidé à retrouver le responsable de cet horrible crime, ce qui risque bien de l'entraîner dans de sombres secrets de l'Association. Et cette fois, il doit mener cette mission terriblement seul, car Walter est prêt à tout pour le protéger même à l'enfermer. L'adolescent est plus mature, plus professionnel, mais aussi plus sensible. Il laisse bien mieux apercevoir ses sentiments envers ceux qui l'entourent. Sa douleur en est touchante et prenante. C'est avec une note plus triste que ce tome sur lit et avec l'excellente plume d'Erik L'homme.


Tome 6 

L'Association est sens dessus-dessous : le Sphinx ne revient pas, Walter perd la tête, les agents stagiaires sont injoignables et les Anormaux s'agitent. Mais tout cela, Jasper l'ignore et s'enfonce dans une nouvelle enquête trépidante pour notre plus grand bonheur. C'est un tome plus palpitant avec  les révélations inattendues , un peu plus glauque avec l'amoncellement de corps et donc mystérieux car des forces malfaisantes oeuvrent et menacent tous les personnages auxquels on a pu s'attacher. Après un tome 5 où Jasper était très solitaire nous le découvrons avec une âme beaucoup plus sociable, depuis qu'il travaille en binôme avec Nina, relation très mignonne en passant. Cependant, nous n'avons toujours pas de réponses sur l'étrange lien qui unit Ombe et Jasper bien que bien des éléments commencent à apparaître. 


Tome 7 

Le tome précédent a laissé Jasper en charmante compagnie mais toujours sur les traces de Otchi, un dangereux chamane. On prend donc le récit en cours et très vite on raccroche à l'action et aux mystères précédemment introduits. La relation toute mignonne entre Jasper et Nina se développe et prend de l'ampleur tandis que la présence d'Ombe s'intensifie. Les personnages ne font que devenir plus attachants et surprenants.

Cette fois, on trouve bel et bien des réponses à nos questions mais celles-ci ne font qu'en soulever de nouvelles. Définitivement, de sombres puissances et de vieux ennemis continuent à s'acharner sur Jasper qui n'est pas prêt à perdre son sens de l'humour, tout autant que la vie. Sous le charme, j'ai lu ce roman d'une traite avec une grande satisfaction !


Tome 8 : Le regard brûlant des étoiles 

Mes attentes sur ce tome étaient assez élevées : ce huitième tome a réussi le tour de force d'être au-delà de celles-ci. Alors en 3 mots pour commencer :

Démons. Après les vampires, loups-garous, trolls et j'en passe, c'est au tour des démons de se montrer dans toute leur gloire, (même si les vampires y mettent aussi leur grain de sel !).

Liens. Jasper et Ombe se découvrent des liens familiaux à la fois surprenants et attendus. D'autre part, de nouvelles amitiés naissent et se renforcent entre les différents membres de l'Association, pour le meilleur comme le pire (surtout le pire !).

Révélations. Comme on s'y attendait, il y avait encore beaucoup à découvrir sur l'Association, les origines des pouvoirs de Jasper, les trahisons de certains, et j'en passe.

 On rencontre enfin le fameux Fulgence, chef suprême de l'association ! Grâce à lui, les dernières pièces de l'échiquier sont placées pour un combat final magistral et les pièces du puzzle qui manquaient à Jasper pour dénouer le fil de sa vie sont enfin là. On va de surprises en surprises, quand bien même on aurait deviné une partie de la trame. En fait, c'est tellement gros que je me demande comment le récit n'a pas perdu en crédibilité. C'est sans doute ce second degré qui ne déserte jamais qui assure la cohérence de l'ensemble.

Quelques nouveaux personnages font donc leur entrée ou trouvent enfin une importance. Ainsi les amis d'Ombe et de Jasper refont surface de manière assez amusante pour certains, rudes pour d'autres. Le sortilège Fafnir se révèle toujours aussi inattendu et amusant, il s'entend particulièrement bien avec le dernier venu, Ralk', démon mineure, fidèle (bizarre pour un démon) et serviable (ce qui donne des dialogues assez marrants). C'est dommage de le découvrir seulement dans ce tome et donc de le connaitre si peu.

Le duo Jasper-Ombe est toujours présent et révèle ses faiblesses et ses forces. Il est vraiment touchant : il dégage des émotions, une amitié très belle. Ils partagent leurs peines de cœur, s'engueulent un peu quand l'un est à côté de la plaque. Ils se comprennent vraiment. C'est mignon. De plus, on comprend vraiment la volonté de bien faire de Jasper, ses doutes, son courage et aussi son incompréhension quant à la gente féminine qui n'a pas fini de lui en faire voir de toutes les couleurs.

Tout ce tome est beaucoup plus axé sur de l'action sans sacrifier le reste - il est d'ailleurs plus long que les précédents - avec de nombreux combats entre magiciens, tous bien différents les uns des autres. Il n'y a pas un moment pour s'ennuyer avec Jasper aux commandes.

C'est la fin d'une belle aventure qui mérite un beau final. C'est ce que Erik L'homme nous propose : une fin ouverte mais qui clôt bien la quête de Jasper et d'Ombe. On sait que chacun vivra encore des aventures exaltantes et pleines de vie mais nous ne pouvons que l'imaginer. Elle aussi très belle. Par moment, j'ai eu l'impression qu'Erik L'homme a fait son deuil* en même temps que ses personnages et c'est cela qui rend l'histoire si belle.

 

La vie mérite d'être vécue. Toujours.


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