Je me souviens très bien de cet instant. Nous étions face à la mer.
L'horizon scintillait. C'est là qu'Anna m'a demandé :
" Si j'avais commis le pire, m'aimerais-tu malgré tout ? "
Vous auriez répondu quoi, vous ?
Anna était la femme de ma vie. Nous devions nous marier dans trois semaines. Bien sûr que je l'aimerais quoi qu'elle ait pu faire.
Du moins, c'est ce que je croyais, mais elle a fouillé dans son sac d'une main fébrile, et m'a tendu une photo.
– C'est moi qui ai fait ça.
Abasourdi, j'ai contemplé son secret et j'ai su que nos vies venaient de basculer pour toujours.
Sous le choc, je me suis levé et je suis parti sans un mot.
Lorsque je suis revenu, il était trop tard : Anna avait disparu.
Et depuis, je la cherche.
Mon avis
Nous voilà plongés dans une enquête haletante où un auteur (Raphaël) cherche désespérément sa fiancée qui semble avoir disparu de la surface de la terre. Mais plus il cherche, plus il piétine dans le passé de la jeune femme, dans les épreuves qu'elle a endurées. Il ne devra pas s'arrêter là et passer au-delà des raisons apparentes, traverser l'océan afin de trouver des réponses inattendues. Ainsi, c'est une lecture très sympathique où on tourne les pages sans penser à s'arrêter. Pourtant, la fin me semble presque gâchée et inutile. Pourquoi rajouter cette histoire autour des autres personnages ? Rajouter de l'émotionnel ? Justifier un thème ? Laisser un peu de mystères autour de certains personnages n'est pas problématique et Musso s'est fourvoyé sur ce point avec ce dernier retournement de situation. Bon, je chicane, je sais.
Globalement, la psychologie des personnages est bien réussie, sauf – et c'est là un hic majeur – celle de Marc Caradec où l'auteur mélange les symptômes d'un choc post-traumatique avec le deuil, une dépression majeure et un peu de psychose, faisant sonner ce personnage perturbé complètement faux. Heureusement, on se laisse promener essentiellement par Raphaël qui semble toujours plein de vie et d'optimisme. En ne lui prêtant pas de passé, il est facile de s'y identifier, de se passionner pour ses recherche qu'il ponctue d'élément sur l'écriture ou que sais-je.
La plume fluide de Musso ne nous abandonne pas ici. Comme à son habitude, il ne s'attarde pas sur les détails et les descriptions scabreuses et passe directement aux choses sérieuses. Ce qui ne l'empêche pas de se lancer quelque fois sur des terrains glissants. Ainsi, il glisse fréquemment dans son aventure et dans les réflexions de ses personnages des allusions quant « être parent », faisant de ceci une sorte de thème, de fil rouge pour son récit. Je trouve qu'il n'a pas trop mal manoeuvré – amenant même des scènes terriblement émouvantes – bien qu'il y ait inévitablement quelques manques de délicatesse dans l'exploitation de ce thème.
Il est maintenant temps de résumer cette chronique qui est partie un peu dans tous les sens (à réécrire un jour ?).
La fille de Brooklyn est un roman où le suspens est particulièrement bien dosé et l'enjeu de l'enquête palpitant. On s'attache facilement aux personnages avec toute une gamme d'émotions. Une lecture très sympathique, surtout si vous aimez déjà l'auteur.
NB : il est amusant d'observer que le seul personnage dont on sait peu du passé est Raphaël qui est justement en train de le reprocher à sa fiancée au tout début du roman, fait exprès ?
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