Aki Shimazaki est un auteur qui m'a énormément surprise. Son oeuvre peut être présentée d'une façon moins classique, ce que je vais faire ici. Elle a écrit plusieurs séries de romans, toujours assez courts, entre un format de nouvelles et un romans classique. Je vais donc vous les présenter dans mon ordre de lecture.
No-no-yuri
No-no-yuri, que l'on peut traduire par "lys des champ", un titre intriguant qui se retrouve à plusieurs moments du roman formant un début, une fin, un tout à la fois. C'est une caractéristique que je retrouve dans chacun des roman, le titre sert de fil conducteur à la trame du roman mais participe aussi à l'ambiance.
Kyôko est une jeune femme à qui tout réussit : elle est brillante, sa carrière de secrétaire de direction semble se dessiner sans ombrage. Elle plaît aux hommes et jouit de leurs désirs sans jamais consentir à l’engagement, malgré les injonctions de ses parents. Avec son nouveau patron, charmant, elle entame une relation où s’intriquent l’intime et le travail.
Le thème de l'adultère est omniprésent, comme on peut s'y attendre. Mais loin de nous présenter une femme fatale cruelle, Kyôko est réfléchie et pense aux conséquences de ses actes, la rendant sympathique et éblouissante. Son détachement cache une fragilité, un secret enfoui qui explique un peu de son tempérament. Le récit est en finesse et poésie, il rend justice à ce personnage qui pourrait être incompris alors qu'il est humain. La fin est un peu entendue peut-être, ou pas, mais je la trouve surtout jolie, tout en laissant un peu sur sa faim. Pas de drame la suite est là dans les autres romans qui font suite.
Il faut aussi souligner le dépaysement qu'offre le récit. Aki Shimazaki est d'origine japonaise (on s'en douterait avec un nom pareil !) mais installée au Québec. La magie du Japon opère pour ceux qui l'apprécient. Le travail acharné dans une grande entreprise internationale, la confusion entre travail et vie privée, etc. Même les mots japonais conservés nous y plongent et sont brièvement expliqués en fin de roman. C'est un fin travail d'écriture pour ce roman qui n'a pas été traduit, mais directement écrit en Français.
Suzuran
Suzuran fait suite à No-no-Yuri en reprenant le récit raconté par Anzu, la soeur de Kiôko. Ce roman-ci nous emmène plutôt dans la campagne du Japon où les rencontre sont rares, la vie présente un autre rythme.
Dans une petite ville près de la mer du Japon, d’où l’on peut voir les sommets enneigés du mont Daisen, vit Anzu, une femme dans la trentaine qui élève seule son garçon. Divorcée, indépendante, pourvue d’une douceur forte, elle semble imperméable à la cruauté du monde. Le secret d’Anzu, c’est son don pour la poterie. Elle fait des vases prêts à accueillir ces arrangements floraux appelés ikebana, qui signifie « art de vivre des fleurs ». Ce don semble la définir et l’armer contre les épreuves, les peines, les trahisons.
Si l'histoire de no-no-yuri était douce en finalité, cette fois ce serait plutôt une douleur sourde et poignante qui fait tenir ce récit. Sur un autre ton, il est tout aussi intéressant, avec même une plus grande finesse. Anzu qui est très droite dans ces principes est complètement bouleversée par le compagnon de sa soeur. La fin est inattendue, à la fois amère et belle, je suis tombée sous le charme de cette famille aux multiples petites blessures. Et toujours la même qualité d'écriture que No-no-yuri.
Sémi
En construction
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