lundi 2 avril 2018

ENGEL Vincent, Le miroir des illusions





De Venise à San Francisco, en passant par Berlin et New York, voici les destinées romanesques de personnages guidés par l'obsession de la vengeance, au prix du bonheur, de la paix et peut-être de leur vie.

Genève, 1849. Le jeune Atanasio, tout juste arrivé d'un petit village de Toscane, apprend le décès de son protecteur de toujours, Don Carlo. Le notaire lui remet une lettre cachetée du défunt, accompagnée de cinq portraits : trois femmes, deux hommes. C'est le legs d'un père à celui qui ignorait être son fils. Un legs doublé d'une mission : venger Don Carlo par-delà la mort, en tuant tous ceux et celles qui ont empoisonné son existence.

Venise, 1800. Une enfant naît dans un palais en ruine : Alba. Radieuse et sauvage, elle grandit en se moquant des hommes comme de la morale, et n'entend pas changer de vie en épousant le prince Giancarlo Malcessati, alias Don Carlo.
Une nuit, au coin d'une rue mal famée, surgit Wolfgang. L'Allemand s'éprend aussitôt d'Alba. Entre eux, pourtant, il s'agira moins d'adultère que de crime...



Mon avis 

Découvert par hasard dans un magazine - ne me demandez plus lequel - , cette lecture a été un très grand, un énorme coup de cour. Je l'ai lu il y a déjà plusieurs mois mais je n'ai jamais trouvé l'occasion de le chroniquer, j'ai donc essayer de reconstituer mes souvenir et de livrer un avis digne de ce roman.

Le récit commence de manière assez insolite et énigmatique, dans le cabinet d'un notaire qui livre les dernières volontés du riche Don Carlo à son protégé Atanasio. Mais ces volonté n'ont rien d'ordinaire :

"Voici donc ce que je te demande, mon fils : tuer ces quatre individus coupables, à un titre ou un autre, des souffrances injustifiées que nous avons tous trois endurées. Alba d'abord, parce qu'elle n'a que trop profité de sa duplicité et parce que sa malignité est telle qu'elle pourrait compromettre la réussite du plan. Ses deux enfants ensuite, dans l'ordre et de la manière qu'il te plaira. Et en dernier lieu, Wolfgang. Pour lui, je souhaite que tu recoures au poison et que durant son agonie tu lui lises une lettre que tu ne pourras en aucune manière découvrir avant. Je te fais confiance car, depuis la mort de ta mère, tu es l'unique personne en qui je puis me fier."

Il y a de quoi piquer notre curiosité et chercher à comprendre ce qui s'est passé près de quarante ans plus tôt entre ce trio Don Carlo - Alba - Wolfgang ! Et nous ne somes pas au bout de nos surprises : chaque personnage nous livre sa version des évènements, nous dépeignant à chaque fois un monstre différent du précédent, cherchant sa propre revanche sur sa propre histoire. On est baladé de A à Z, lorsqu'on croit avoir la vérité de l'un, elle est remise en cause par un autre, jusqu'au dénouement final. Personnellement, j'ai fini par m'attacher au personnage de Wofgang, qui derrière sa vengeance (plutôt dérisoire) cache une sensibilité surprenante. Et puis il y a Laetitia et Raphaël, les enfants de ces trois personnages, victimes innocentes de cet imbroglio infernal et auxquels on ne souhaite que de s'en sortir malgré les douloureuses embûches rencontrées et le danger qui les menace.

Cette répétition des points de vue pourrait sembler longue, redondante. Pourtant, c'est en utilisant ceci que Vincent Engel nous plonge définitivement dans son récit, nous tient en haleine et parvient à nous rendre des personnages complexes, à la personnalité bien marquée, qu'elle soit généreuse ou sordide.

Au-delà de toutes ces considérations, le dépaysement est au rendez-vous : on se balade dans les rues de Venise, dans une ambiance bien du XIXe siècle, ou encore en Amérique. Avec son écriture douce et efficace, l'immersion est totale. Je ne peux donc que vous recommander de découvrir l'univers de cet auteur, dont ce roman est très belle réussite.

NB : Vous retrouverez Laetitia et Raphaël dans d'autres romans de l'auteur.  
Lise



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