samedi 30 septembre 2023

J. DE LA CRETELLE, Silbermann

C'est un livre que j'ai trouvé par hasard, rangé dans le fond d'une vieille étagère. Par curiosité et aussi pour son faible nombre de page, j'ai commencé à le lire. L'auteur m'était totalement étranger. Pourtant son il est entré à l'Académie française quelques années après la publication de Silbermann.


Auteur : Jacques de Lacretelle
Titre : Silbermann
Edité en 1922
123 pages
 
"Je suis content, bien content, que nous nous soyons rencontrés... je ne pensais pas que nous pourrions être camarades.
- Et pourquoi ? " demandai-je avec une sincère surprise...
Sa main qui continuait d'étreindre la mienne, comme s'il eût voulu s'attacher à moi, trembla un peu.
Ce ton et ce frémissement me bouleversèrent. J'entrevis chez cet être si différent des autres une détresse intime, persistante, inguérissable, analogue à celle d'un orphelin ou d'un infirme. Je balbutiai avec un sourire, affectant de n'avoir pas compris :
" Mais c'est absurde... pour quelle raison supposais-tu...
- Parce que je suis juif ", interrompit-il nettement et avec un accent si particulier que je ne pus distinguer si l'aveu lui coûtait ou s'il en était fier.
 
Mon avis 

Quand j'ai commencé à lire ce livre, j'étais sceptique : je ne savais pas sur quoi j'allais tomber. En effet, le début est lent. Le narrateur raconte des éléments de sa vie, de ses pensées du moment sans lien direct avec le reste de l'histoire. Mais après un moment, les faits prennent leur sens et les lignes imprimées semblent bien moins impénétrables. 

Ce roman raconte l'amitié entre un jeune prodige juif et un garçon protestant dans les année 20 avec tous les obstacles qui les séparent. C'est sans doute un thème très répandu à l'époque de sa parution mais aujourd'hui, on parle plus de la Shoah et de ses horreurs que d'amitié difficile entre la culture chrétienne et la culture juive.

L'histoire est relativement courte au point de vue du nombre de pages mais au niveau de la durée dans le temps, il s'écoule un an - un an et demi. Ce qui permet de suivre l'évolution de l'amitié et du caractère des deux personnages principaux, de manière approfondie sans pour autant rendre le roman vraiment ennuyant.

Entre l'attitude méprisante de la classe et des parents sournois, le narrateur se retrouve déchiré plusieurs fois entre l'amitié et la raison qui voudrait qu'il s'éloigne de Silbermann. Plusieurs fois, il s'indigne ... Plusieurs fois il s'oppose. En ne donnant pas de nom à ce narrateur, l'auteur nous permet de mieux nous identifier à ce personnage facile et honnête qui découvre une société injuste et hypocrite. 

Malgré sa lenteur et son écriture classique et un peu démodée, ce roman n'est pas désagréable. Bref, ce n'est pas un coup de cœur mais il est tout à fait lisible.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire