samedi 11 novembre 2023

VERCORS, Le silence de la mer

 Le silence de la mer est un recueil de nouvelles, pour la plupart, si ce n'est toutes, écrite lors de la seconde guerre mondiale et parlant de cette guerre.

La nouvelle Le silence de la mer a été adaptée en film par deux fois : la version la plus ancienne date de 1949, la plus récente de 2004.

 

Auteur  : Vercors (alias Jean Bruller)
Titre le silence de la mer : et autres récits. 
Edition : Le livre de poche
215 pages

 

"Les Editions de Minuit ont été conçues par Vercors (pseudonyme de Jean Bruller) à l'automne 1941 et créées par lui avec Pierre de Lescure. Le silence de la mer est le premier titre à y être publié. une vingtaine d'autres suivront jusqu'à la Libération, mais c'est le texte inaugural de Vercors qui connaît le plus grand retentissement. Cette sobre histoire, où une famille française s'oppose par le silence à l'officier allemand qu'elle a été obligée de loger, est un réquisitoire implacable contre la barbarie hitlérienne. Sous la calme surface des eaux, c'est la terrible "mêlée des bêtes dans la mer" qui se trouve soudain révélée, et toute "la vie sous-marine des sentiments cachés, des désirs et des pensées qui se nient et qui luttent".

Les récits qui accompagnent ici Le Silence de la mer ont une portée peut-être moins complexe mais tout aussi forte. Ils lancent un vibrant appel aux vertus d'un humanisme conscient de ses devoirs.


Mon avis 

Ces nouvelles sont écrites dans un style très classique. Néanmoins, ça n'empêche pas de ressentir ce que l'auteur veut faire passer. Sous l'occupation allemande et la dictature d'Hitler, le désespoir et le malheur règne. L'amour est impossible, détruit au fur et à mesure. Le futur se retrouve chamboulé. Les enfants voient leurs parents disparaître. Ce sont des textes durs mais magnifiques. Ils sont simples, ils n'ont pas besoin de fioritures. Ils montrent la bassesse de certains dans les temps sombres mais aussi le courage de ceux qui veulent résister et leur chagrin à la perte de leurs amis, de leur famille. Rien d'émouvant ici, on ne pleure pas mais on a le moral dans les chaussettes. On ne lis pas de séparation bouleversante, de cris déchirants, mais des constatations qui font mal. J'ai lu des biographies de juifs déportés et pourtant, ce roman montre bien mieux l'atrocité des actes commis car ils'en prends à toutes les couches de la population. A vrai dire,je n'ai jamais su lire deux nouvelles de ce livre d'affilée.

Il vaut vraiment la peine d'être lu.

vendredi 27 octobre 2023

M. CHATTAM, Léviatemps


 Auteur :Maxime Chatham
Titre : Léviatemps
Edition : Pocket | Albin Michel
Édité en 2010
571 pages

Paris, 1900. Guy de Timée, romancier à succès, vit pourtant dans les combles grinçants d'une maison close. Du jour au lendemain, il a tout plaqué. Femme, enfant, amis, réussite, il n'a plus supporté la pression, celle de réussir par tous les moyens, celle d'écrire ce qu'on attend de lui. Il a décidé de se lancer dans un roman policier qui plonge dans les bas-fonds de la civilisation, de ce Paris que le monde entier admire. Il veut être confronté au sang et à la violence. A la mort, qu'il appelle de tout son être. Elle va surgir au milieu de la nuit en la personne de Milaine, jeune prostituée du lupanar, assassinée dans des circonstances particulièrement étranges. Et si elle n'était pas la première ? Qui rode dans les rues de la capitale, dans l'ombre de l'Exposition Universelle ? Quel est le sombre dessein de ce tueur de femme, qui ne laissera bientôt derrière lui que des costumes de peau ? En compagnie de la mystérieuse Faustine, de l'inspecteur Perotti et d'Yoshito, un Japonais impressionnant, sumo déshonoré, Guy va tenter de le découvrir...Des cercles ésotériques de Paris aux merveilles de l'Exposition universelle, ils vont peu à peu mettre à jour un terrifiant secret, celui qui fascine tout homme depuis la naissance de la civilisation : le contrôle du temps.


Mon avis

Je suis loin du coup de cœur avec ce livre mais sa lecture s'est révélée assez agréable, malgré ses défauts et mon manque d'enthousiasme vis-à-vis de ce genre littéraire.

Au début, ça commençait bien. Je découvrais les rue du Paris d'une autre époque, celle de 1900. C'est un joli voyage dans le temps dans lequel je me laissais promener dans les inventions surprenantes de l'Exposition universelle.

On découvre d'abord les personnages avant d'entrer vraiment dans l'enquête. Ainsi, on suit Guy, romancier qui se cherche et se passionne de trop pour le morbide, et Faustine, une prostituée au caractère bien trempé. Accessoirement, on peut citer Perotti, policier un peu perdu. A eux trois, ils forment une équipe de choc pour résoudre les énigmes autour du tueur en série qui sévit. Au fur et à mesure, on s'enfonce dans une situation glauque où les cadavres s'additionnent dans des conditions de plus en plus sordides. Le suspens atteint son paroxysme à la fin du roman et les pages se tournent très rapidement.

Il y a quelques défauts dans ce roman. A partir d'un moment, il y a quelques longueurs et on tourne en rond. Et puis je ne suis pas convaincue du système de profilage de Guy et ses amis alors que la psychologie n'en était qu'à ses balbutiements ... alors baser toute recherche du coupable idéal sur la graphologie, j'ai du mal.

Bref, c'est un roman sympa avec une bonne énigme, un bon suspens et des personnages intéressants. Il devrait plaire aux amateur du genre.


vendredi 20 octobre 2023

CALMEL Mireille, La Légende des Hautes Terres

Mireille Calmel a comme habitude de créer une trilogie ou autre, de la clôturer, puis de la rouvrir un peu plus tard avec une autre. Ce cycle ne fait pas exception et peut être regrouper dans La Légende des Hautes Terres.

Il est donc composé de cinq romans :
  • Le chant des sorcières, Tome I
  • Le chant des sorcières, Tome II
  • Le chant des sorcières, Tome III
  • La reine de Lumière, Tome 1 : Elora
  • La reine de Lumière, Tome 1 : Terra incognita

  • Le chant des sorcières 

    Tome I

    Le chant des sorcières, Tome I
    Mireille Calmel 
    Editions : XO Editions (2008), Pocket 
    394 pages
     
     
    En 1483, dans le Vercors, la jeune Algonde, fille de l'intendante du château de Sassenage, échappe miraculeusement à la mort après être tombée dans un torrent. Sous le choc, elle confie avoir été sauvée par la fée à queue de serpent, Mélusine... Désormais, pour la fière Algonde, rien ne sera plus comme avant. Afin d'échapper à une redoutable prophétie, elle doit percer les secrets du château : Quel mystère entoure la mort de la baronne? Pourquoi la plus haute chambre du donjon est-elle condamnée? Et surtout, d'où lui vient cette ressemblance troublante avec la fée? La jeune fille s'apprête à combattre des puissances aussi mystérieuses que maléfiques...

     
    Mon avis

    Découverte étonnante. J'ai adoré ce livre. Je me suis vite prise d'empathie pour la jeune Algonde, naïve dans un monde où tous les puissants jouent avec une fine stratégie. On ne comprends pas toujours clairement les relations entre les différents personnages, liens parfois très énigmatiques. Si on voit la plupart des dangers auxquels Algonde sera confrontée, on ignore souvent sous quelle forme ils se matérialiseront. A la fois romantique mais pas trop, il correspond bien aux grands-ados-jeunes adultes. 

    Tome II



     Le chant des sorcières, Tome II  
    Mireille Calmel 
    Edition : Pocket (2008)  
    404 pages

    "Jour après jour, nuit après nuit, la prophétie s'accomplit. Si Mélusine a pu tromper la jeune et pure Algonde, ce n'est plus le cas aujourd'hui. Chambrière à la cour, auprès de Philippine de Sassenage, l'ancienne paysanne ne s'en laisse plus conter. Elle a l'oreille de sa maîtresse et fait grande impression devant les courtisans. Certes, l'ignoble Marthe persiste à comploter à sa perte et ses yeux sont partout : Algonde n'en a cure qui puise, au plus profond de son ventre, le courage et la certitude de vaincre. Son enfant - c'est écrit - aura raison des forces maléfiques qui convoitent les Hautes Terres, Ainsi les fées en ont-elles décidé. Privée de Mathieu, son malheureux amour, Algonde souffre, pourtant. Il lui faudra plus d'habileté, plus de magie que jamais, pour triompher des ombres et étouffer le chant des sorcières ..."

     
    Mon avis

    Merveilleux tout comme le premier tome. Nous retrouvons la jolie Algonde plus brave que jamais. Si, hier, elle était insouciante, aujourd'hui, elle est bien consciente de ce qui repose sur ces épaules et des dangers qui l'entourent. Elle est prête à sacrifier son bonheur pour contrer les plans de Mélusine et de Plantine. Voici donc un second tome aussi intéressant que le premier et identique dans son style.     


    Tome III


      

    Le chant des sorcières, Tome III 
    Mireille Calmel 
    Edition : XO Edition (2009), Pocket 
    471 pages 


    Le temps est loin où, chambrière à la cour, Algonde pouvait compter sur ses puissants alliés. Si le baron Jacques l'a bien assurée de son aide et Philippine, sa fille, de son éternelle amitié, la menace plane toujours sur son enfant, Elora, la fillette aux pouvoirs fabuleux, l'instrument de la prophétie ...
    Prophétie dont l'accomplissement semble imminent. Les Hautes Terres entrouvent déjà leurs portes : qui de l'ignoble Marthe, de la trouble Mélusine ou de Mounia l'égyptienne en franchira le seuil la première ? Les nuages s'amoncellent sur les amours du Prince Djem, d'Engerrand, d'Algonde elle-même. Leur destin est-il si grand qu'il ne peut laisser place au bonheur ? De l'issue de la lutte dépend plus que leurs vies ...
     
     
    Mon avis

    Le dernier tome des aventure d'Algonde nous réserve de belles surprises. Comme attendu, nous trouvons la solution des différentes intrigues menées par les personnages ... des plus noires comme celles de Marthe aux plus bénéfiques de Présine ou Algonde. Mais les rôles que vont jouer les enfants de la prophétie ne sont pas encore défini. Que va devenir la petite Elora aux si grands pouvoirs ? Pour cela, il faudra lire La reine de Lumière. Enfin les héros semblent avoir devancé Marthe ! Ce tome , bien que dans la continuité des tomes précédents, déclare le début d'un nouveau cycle ... Découvrez-le !    


    La reine de lumière


    Tome 1 : Elora


    Auteur : Mireille Calmel
    Titre : La reine de lumière, 1 : Elora
    Edité en 2009
    Edition : XO Editions
    351 pages
     
    Malgré la disparition mystérieuse de ses parents, la petite Elora, recueillie par la baronne Hélène de Sassenage, coule des jours heureux au coeur du Vercors. Elle n'ignore rien de ses origine et, délà, sent bouillir en elle le sang des fées. Aussi lorsqu'elle trébuche, dans les bois, sur la dépouille d'un messager, n'hésite-t-elle pas à le fouiller. Sur le cadavre, elle trouve une lettre qui va ramener le tumulte dans leur vie. Pour sauver son unique amour, la baronne Hélène prend bientôt la route de Rome où elle affrontera un pape fornicateur. Sur ses talons, la petite Elora, l'enfant de l'espoir, emprunte un chemin qui l'attend depuis longtemps ...
     

    Mon avis 

    Ce roman n'est pas mal mais sans plus. Ce qui m'a séduit dans le Chant des sorcière s'est effacé : la faiblesse des héros par rapport aux êtres obscurs. Algonde avait ses failles, ses forces et elle luttait avec beaucoup de courage. Malheureusement Elora n'est pas ainsi ... trop invincible, trop parfaite,  mais pas aussi magique. De plus l'ombre de Marthe qui faisait planer un suspens intense a disparu. Difficile donc d'y retrouver la même émotion.  Algonde enfermée dans le Furon ne fait sa réapparition que trop tardivement.
    Par contre, les relations amoureuses troubles n'ont fait qu'empirer, compliquant d'autant la situation.
    Du côté de l'écriture, la plume de Mireille Calmel n'a pas perdu son piquant : les histoires sont toujours aussi crues, n'épargnant rien aux personnages. Il ne faut pas se tromper : crue par sa vision des personnages. Le style littéraire en tant que tel est assez classique et courant avec un langage qui contient quelques expressions du moyen-âge qui mettent le lecteur dans l'ambiance. Pour tout dire, ce roman est bien mais pas plus ; dommage ! La série était prometteuse.   


    Tome 2 : Terra incognita



    Auteur : Mireille Calmel
    Titre : La reine de lumière, 2 : Terra Incognita
    Edition : XO Edition
    Editéé en 2010
    442 pages (poche)
     
    Ils sont tous là. Revenus pour le salut des Hautes Terres... Algonde, délivrée des eaux du Furon, a rompu la malédiction et retrouvé les siens. Elora, d'abord, sa fille aux pouvoirs si précieux, dont le rôle sera déterminant dans l'affrontement qui s'annonce. Constantin, l'enfant d'Hélène de Sassenage et du défunt Prince Djem. Mathieu, enfin, son amour perdu... D'Istanbul, d'Italie, des déserts égyptiens, ils accourent à l'appel de la prophétie. Il est temps de mettre fin aux agissements de Marthe, l'infâme Harpie. Temps, pour la reine de lumière, d'entrer enfin dans son royaume...

     
    Mon avis 

    Beaucoup mieux que le tome précédent.  Les personnages importants du Chant des sorcières qui étaient prodigieusement absent sont revenus à mon plus grand soulagement. Algonde retrouve enfin sa fille et son amour avec Mathieu. Elora trouve enfin ses limites et se montre plus fine que jamais. De même l'intervention des nouveaux personnages trouvent enfin un rôle dans l'aventure. Pas de doute, ce tome rattrape les petits manques du tome précédent.

    La fin de l'aventure m'a surprise. Ce n'est pas un scénario fermé, impossible de savoir ce que deviendront les protagonistes et on ne peut que leur souhaiter tout le bonheur possible. 

    samedi 14 octobre 2023

    G. DELACOUR, La liste de mes envies

    La liste de mes envies fait partie de ces romans au succès éclair. Je pense - je peux me tromper - qu'il a assez vite disparu des librairies par la suite. Il a cependant eu le temps d'être adapté au cinéma. Je présenterai sans doute le film un jour mais ce n'est pas encore programmé. 

    Le roman


    Auteur : Grégoire Delacour
    Titre : La liste de mes envies
    Editions : JC Lattès (2012), Feryane, Le livre de poche (2013)
    186 pages
    Langue VO : français

    Jeune fille, Jocelyne rêvait de mode et de prince charmant. Mais la vie est passée par là, et à 47 ans, la mercière d'Arras doit se contenter d'un mari indifférent et d'un blog sur la dentelle. Quand un heureux concours de circonstances lui offre le gros lot du loto, Jocelyne réalise qu'elle a de quoi réaliser tous ses désirs. Grisée par cette perspective, elle décide de prendre son temps avant d'en parler à ses proches et en attendant, fait la liste de tout ce qu'elle pourrait s'offrir, achats utiles ou folies inconsidérées ... Elle se méfie de cet argent tombé du ciel, n'aurait-elle finalement pas plus à perdre qu'à gagner ?



    Mon avis

    J'ai vraiment apprécié ce roman touchant dans lequel nous découvrons Jocelyne Guerbette, qui tient une petite mercerie. C'est une femme douce qui décrit sa vie, son mari peu respectueux mais qu'elle aime, son blog, sa mercerie, ses amies un peu fofolles (je parle des jumelles qui tiennent un salon de coiffure). C'est un personnage qui se veut banal, vrai ... qu'on apprécie cet état de fait ou non. Ainsi, Jocelyne fait part de ses petits bonheurs comme de ses grandes peines. Jusqu'au jour où tout bascule. Elle a gagné à l'euromillion une somme extravagante, mais n'a-t-elle pas plus à perdre qu'à gagner ? Son bonheur fragile résistera-t-il ? C'est ainsi qu'elle rédige trois listes : celle de ses besoins, celle de ses envies et puis celle de ses folies, donnant ainsi son titre au livre.

    L'écriture sert bien le récit : dure, sans fioriture, elle va droit à l'essentiel. Elle permet de se sentir proche du personnage central. Des défauts ? Certes. Certains lui reprochent son traitement simpliste du sujet, d'autres le caractère trop mou de Jocelyne. Et j'en passe. Je ne les trouve pas nécessairement justifiés, je le précise.

    Au cours de ce court récit, je suis passée facilement par différentes émottions, amusée par tous les bons sentiments qui y sont véhiculés, triste par l'amertume que l'on découvre à la fin chez la protagoniste. C'était donc une très bonne lecture, même si j'ai eu l'impression qu'il manquait un petit quelque chose pour qu'il soit vraiment génial.

    Alors, que feriez-vous de plusieurs millions d'euros ?



    Le film



    ...

    samedi 7 octobre 2023

    A. de SAINT-EXUPÉRY, Le Petit Prince

    Le Petit Prince est surtout connu pour ses dessin et un peu moins pour son histoire, je trouve. C'est dommage. Cette situation est peut-être liée à la mauvaise classification de ce petit livre souvent rangé dans la bibliothèque pour enfants.


    Auteur : Antoine de Saint-Exupéry
    Titre : Le Petit Prince
    Editeur : Gallimard
    Edité en 1946
    95 pages

    "Le premier jour je me suis donc endormi sur le sable à mille milles de toute terre habitée. J'étais bien plus isolé qu'un naufragé sur une radeau au milieu de l'Océan. Alors vous imaginez ma surprise, au lever du jour, quand une drôle de petite voix m'a révéillé.
    Elle disait:
    -S'il vous plaît...Dessine-moi un mouton!
    -Hein!
    -Dessine-moi un mouton...
    J'ai sauté sur mes pieds comme si j'avais été frappé par la foudre. J'ai bien frotté mes yeux. J'ai bien regardé. Et j'ai vu un petit bonhomme tout à fait extraordinaire qui me considérait gravement."

    Mon avis

    Quand on me l'avait offert - je devais avoir 12-13 ans -, je ne l'avais pas terminé. Quelque chose m'empêchait de vraiment accrocher : je m'étais dit que ce n'était que partie remise, je le lirais quelques années plus tard. C'est chose faite ! Et quel bonheur ! On ne me l'avait pas expliqué, il ne s'agit d'un livre s'adressant à des enfants : c'est une grossière erreur des éditeurs. Il me manquait de la maturité et des clés pour comprendre le vrai fond du livre.

    Car ce livre est philosophique (mais surtout pas moralisateur). L'adulte redécouvre le monde et son absurdité depuis le point de vue enfantin, l'enfant qu'il était. Un enfant qui a mal appris et qui réapprend. C'est une éloge du rêve et de l'ouverture sur les autres.

    Les différentes étapes sont décorées de dessins doux (tels celui de la couverture) dessinés par l'auteur et illustrant bien l'univers du livre.

    Soit : à ne lire seulement quand on cesse de grandir et commence à vieillir ! Il ne faut pas se laisser tromper par sa faible épaisseur et ses dessins doux : il ne peut être apprécié à sa juste valeur que par des adultes à qui il reste un coeur d'enfant.

    samedi 30 septembre 2023

    J. DE LA CRETELLE, Silbermann

    C'est un livre que j'ai trouvé par hasard, rangé dans le fond d'une vieille étagère. Par curiosité et aussi pour son faible nombre de page, j'ai commencé à le lire. L'auteur m'était totalement étranger. Pourtant son il est entré à l'Académie française quelques années après la publication de Silbermann.


    Auteur : Jacques de Lacretelle
    Titre : Silbermann
    Edité en 1922
    123 pages
     
    "Je suis content, bien content, que nous nous soyons rencontrés... je ne pensais pas que nous pourrions être camarades.
    - Et pourquoi ? " demandai-je avec une sincère surprise...
    Sa main qui continuait d'étreindre la mienne, comme s'il eût voulu s'attacher à moi, trembla un peu.
    Ce ton et ce frémissement me bouleversèrent. J'entrevis chez cet être si différent des autres une détresse intime, persistante, inguérissable, analogue à celle d'un orphelin ou d'un infirme. Je balbutiai avec un sourire, affectant de n'avoir pas compris :
    " Mais c'est absurde... pour quelle raison supposais-tu...
    - Parce que je suis juif ", interrompit-il nettement et avec un accent si particulier que je ne pus distinguer si l'aveu lui coûtait ou s'il en était fier.
     
    Mon avis 

    Quand j'ai commencé à lire ce livre, j'étais sceptique : je ne savais pas sur quoi j'allais tomber. En effet, le début est lent. Le narrateur raconte des éléments de sa vie, de ses pensées du moment sans lien direct avec le reste de l'histoire. Mais après un moment, les faits prennent leur sens et les lignes imprimées semblent bien moins impénétrables. 

    Ce roman raconte l'amitié entre un jeune prodige juif et un garçon protestant dans les année 20 avec tous les obstacles qui les séparent. C'est sans doute un thème très répandu à l'époque de sa parution mais aujourd'hui, on parle plus de la Shoah et de ses horreurs que d'amitié difficile entre la culture chrétienne et la culture juive.

    L'histoire est relativement courte au point de vue du nombre de pages mais au niveau de la durée dans le temps, il s'écoule un an - un an et demi. Ce qui permet de suivre l'évolution de l'amitié et du caractère des deux personnages principaux, de manière approfondie sans pour autant rendre le roman vraiment ennuyant.

    Entre l'attitude méprisante de la classe et des parents sournois, le narrateur se retrouve déchiré plusieurs fois entre l'amitié et la raison qui voudrait qu'il s'éloigne de Silbermann. Plusieurs fois, il s'indigne ... Plusieurs fois il s'oppose. En ne donnant pas de nom à ce narrateur, l'auteur nous permet de mieux nous identifier à ce personnage facile et honnête qui découvre une société injuste et hypocrite. 

    Malgré sa lenteur et son écriture classique et un peu démodée, ce roman n'est pas désagréable. Bref, ce n'est pas un coup de cœur mais il est tout à fait lisible.


    vendredi 22 septembre 2023

    ANIMÉ : Violet Evergarden

    Animé : Violet Evergarden (2018)



    Violet Evergarden est adapté d'une série de deux Light novels japonais du même titre, de Kana Akatsuki. Il est actuellement composé d'une seule saison de 14 épisodes (2 films d'animation ont également été tournés). Il est distribué par Netflix. 

    • VO : ヴァイオレット・エヴァーガーデン (Vaioretto Evāgāden)
    • Réalisateur : Taichi Ishidate
    • Scénariste : Reiko Yoshida
    • Studio : Kyoto Animation
    • Année de production : 2018



    " Après la guerre, Violet Evergarden doit trouver du travail. Meutrie et hébétée, elle devient rédactrice de lettres pour dénouer son passé et comprendre qui elle est. "



    Mon avis 

    C'est un superbe animé doux-amer. Un coup de coeur. 

    Je vais commencer avec la présentation de quelques personnages. 

    Violet Evergarden - On ne sait que peu de chose sur son passé finalement. Comment est-elle devenue une enfant soldat ? Comment le frère du Major Gilbert met la main sur elle ? Ce sont des mystères avec lesquels il faut rester jusque au bout. Elle est touchante dès le début avec cet air triste et perdu, sa question pendue à ses chaussures où qu'elle aille "Que veux dire "Je taime" ?". Démêler ces sentiments envers le Major Gilbert lui prend deux tiers des épisodes, le deuil un autre tiers. L'émotion qu'elle dégage est à briser le coeur. C'est peu réaliste d'avoir une jeune femme d'une grande sensibilité et équilibrée avec une histoire de traumas multiples mais on peut faire semblant d'y croire tellement son histoire est belle et touchante. 

    Major Gilbert - On ne le verra jamais de la saison mais sa présence est toujours là. On devine un homme humain qui a voulu offrir une autre vie à Violet. On voudrait le rencontrer mais ce n'est qu'à travers le regard de Violet qu'on peut comprendre qui il était. Cette écriture et réalisation est très intime et je trouve qu'on peut tous trouver dans notre histoire personnelle une personne qui répondrait à ce personnage idéalisé. 

    Hodgins - Il fait office de figure paternelle qui ouvre les possibles à Violet. Il a quitté l'armée à la fin de la guerre pour ouvrir une société de poste et a une dette, une amitié envers Gilbert. Il l'honore bien et ses maladresses relationnelles permettent de faire avancer le récit en douceur. Un autre personnage touchant même s'il reste plus distant. 

    Les poupées de souvenir automatiques - La fonction s'apparente à l'écrivain public. Chacune a sa propre histoire qui n'est que partiellement dévoilée. Dans le bureau de poste, elle font la vie, les émotions, le rythme. Il n'y a pas beaucoup de personnages secondaires, ce n'est pas nécessaire. 

    Chaque épisodes présente le regard de quelqu'un sur Violet Evergarden, un collègue, un client, une ancienne connaissance. Il commence avec le point initial et finit avec le point de vue final que ce personnage a à la suite des interactions avec Violet. Certains épisodes ont une vocation à placer le décor ou à clôturer une trame scénaristique mais les plus touchant abordent une sorte d'histoire indépendante en lien avec le deuil, la guerre, la séparation ou la maladie. Dit ainsi, ce n'est pas gai, mais le scénario et les dialogue apportent surtout de l'apaisement et, même si le fond est tragique, c'est plutôt avec une impression de calme que je suis ressortie de chaque épisode. 

    L'animation est douce, pas hachurée comme on le voit parfois, avec un choix de design et de couleurs qui s'accordent bien au récit. Le choix des voix VF est aussi approprié : pas de voix criarde, ou féminine suraigues. Quant à la musique et le son, il y a un vrai travail qui rend le tout cohérent et magnifique. 


    Le film 

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