FICHE : Sobibor

Résumé

Emma Lachenal a toujours des problèmes avec son corps et son poids. Lorsqu'elle commence à sortir avec son petit ami, elle entame un régime qui ne s'est jamais arrêté et l'a conduite une anorexie qui a fini par l'éloigner du jeune homme. Mais les choses ne se sont pas arrêtées-là.
Alors que sa grand-mère est gravement est malade (proche de la mort), Emma entend les mots qu'elle prononce dans un cauchemar : Sobibor, Eva Hirschbauw, Jacques. Quand elle demande des explications qu'elle ne parvient pas à obtenir, elle comprend que se cache là un lourd secret sans se rendre bien compte de son impact sur elle. Elle se renseigne donc sur Sobibor, apprend qu'il s'agit d'un camp de concentration en Pologne près de la ville natale de sa grand-mère.

L'histoire de la rencontre de ses grands-parents était celle-ci : Paul Lachenal (grand-père) a été envoyé comme ouvrier dans une ferme polonaise. Là il a rencontré Anna Wiesciekiewa (grand-mère) et ils sont tombés immédiatement amoureux. Ils ont profité de la débâcle allemande pour fuir et sont recueillis par les Alliés mais ils sont séparés. Lavé de tout soupçon de collaboration et n'ayant pas de famille qui l'attend, il part travailler à l'usine à Angoulême. Seul, il découvre la littérature malgré sa modeste éducation. En 1946, Anna parvient à rejoindre clandestinement la Belgique et ils peuvent vivre ensemble après quelques procédures administratives. Il en profite pour suivre des études et passer l'agrégation d'allemand. C'était un couple modèle.

Lors de la maladie de sa grand-mère, Emma déprime et commence à perdre encore plus de poids : un médecin pose le diagnostique d'anorexie et la place en congé maladie. Elle suit les cours par correspondance mais décroche. A l'annonce du décès de sa grand-mère, elle fait sa première crise de boulimie.

Elle commence alors à chercher des réponses et questionne son grand-père : Jacques était un collaborateur français,  Eva Hirschbauw une juive, mort avant qu'il ne les rencontre, Sobibor correspond au camp d'extermination. Mais il refuse d'en dire plus, évoquant que ce sont les secrets d'Anna et qu'il faut les laisser en paix. Emma accepte ... pour un temps. Elle vit dans la l'absence de désir de manger, tout comme de savoir.

En triant les affaires de sa grand-mère, elle tombe sur un cahier. Intuitivement, elle le cache a tout le monde pour le lire seule. C'est ainsi qu'elle découvre le journal de Jacques Desroches : jeune homme français arrogant, anti-sémite, qui s'engage dans l'administration du camp de Sobibor (voir Journal de Jacques Desroches). Emma est horrifiée : comment sa grand-mère a-t-elle pu aimer un tel monstre ? Comment le justifier ? Toujours dans ses réflexions, elle découvre que la couverture cache deux photos. La première est celle d'Eva Hirschbauw, annotée par Anna. La seconde  est celle de Jacques Desroches. En la voyant, Emma perd la tête et fait une tentative de suicide avec des somnifères, ce qui la conduit à l'hôpital psychiatrique. En effet, l'homme sur la photo n'est autre que son grand-père.

L'hôpital est l'occasion de reprendre un peu ses forces et son courage à défaut de se soigner mais aussi de réfléchir. Emma se rend compte qu'intuitivement, elle avait toujours le pressentiment d'un secret. Intriguée par la ressemblance entre les prénoms Emma et Eva, elle demande à ses parents qui en a eu l'idée. Il s'agissait de sa grand-mère, impliquant inconsciemment Emma dans son passé. Il lui parait désormais essentiel de sortir de l'hôpital. Pour cela, elle doit prendre du poids mais une astuce lui fait gagner du temps : boire un litre d'eau peu avant la pesée journalière.

Peu après son retour, elle se fait volontairement arrêter dans un supermarché pour un vol de biscuit. Le gérant s'intéresse à elle et, même si elle refuse cette main tendue, elle provoque chez elle un déclic : après tout, elle voulait seulement que ses parents lui demande pourquoi elle a commis un tel acte, ce qu'ils n'ont pas fait immédiatement. Ainsi le lendemain, elle retourne voir ce gérant, Mr Prade. Tout en restant évasive, elle lui explique la situation pour avoir un conseil. Il lui conseille d'aller voir un magistrat quand elle sera prête.

Emma se rend chez son grand-père qui vit désormais seul. Nue avec son corps décharnés comme une prisonnière de camp de concentration, elle entame son accusation.
- Que veut dire Zakhor ?
- Souviens-toi.
Emma a l'impression que ces mots s'adressaient elle, plutôt qu'à son grand-père. Lui ne comprend pas comment elle a pu entrer en possession du journal à moins qu'Anna ait subtilisé le cahier juste avant qu'il n'incendie la grange où ils vivaient. Il lui raconte alors la période entre l'exécution d'Eva Hirschbauw et leur fuite vers les alliés.

Jacques a fait immédiatement la demande de quitter sobibor avec Anna. Von Lebbe avait tout préparé avec une nouvelle identité pour lui. Il a trouvé un individu lui ressemblant fortement : Paul Lachenal envoyé aux travaux forcés dans une première ferme qui avait pour seule famille une tante. Von Lebbe l'a fait assassiner, avant de faire de changer Paul d'affectation. Lors du trajet vers cette deuxième ferme, il est éliminé et Jacques n'a plus qu'à prendre sa place. Quant à son identité de Karl Frank, il sera soi-disant exécuté avec Anna après avoir quitté le camp, alors que Jacques Desroches mourra soi-disant en luttant contre les russes. C'est ainsi que Jacque devenu Paul Lachenal et Anna ont vécu heureux ensemble jusque mars 1945 où il a reçu une convocation de von Lebbe. Ce dernier lui conseille de fuir car l'Allemagne perd et lui remet des papiers pour passer les frontières et des plans précis de la route à suivre.
Après son départ, Sobibor a tenu quelques mois avant son démantèlement suite à l'évasion de 300 juifs menés par russe et la mort de 11 SS.

Emma espère voir chez lui des regrets, de la culpabilité, mais rien. Elle lui annonce qu'elle va tout déballer à la presse et à la justice avant de quitter les lieux. Le lendemain, Emma et sa famille apprennent qu'il s'est suicidé en se pendant à la rampe de l'escalier. Son père lui parle enfin, s'intéresse à son mal-être, elle prend aussi la décision de demander à ses parents de contacter la justice car

"Étais-je coupable moi aussi ? Je l'aurais été en me taisant ou en acceptant ses justifications."

"Sa mort n'efface rien hélas et nous refermer sur ce secret serait le pire des choix. Et puis, si lourd qu'il soit à porter, je crois que nous avons le devoir de reprendre nom, de l'assumer pleinement, en toute connaissance de cause."

Ainsi, elle se trouve enfin sur la voie pour guérir, accepter les soins.

"Aujourd'hui, j'ai vomi pour la dernière fois"

Journal de Jacques Desroches

Lors de la seconde guerre mondiale. Jacques Desroches est issu d'une famille instruite et qui croit en la grandeur de certaines races. Son père étant mort assassiné, il décide de prendre les armes pour se battre contre les russes aux côtés des allemands. Mais cela ne peut lui suffire. Quand Konrad von Lebbe, ami de sa famille et agent secret allemand, lui propose un poste à Sobibor pour mener une grande oeuvre, il accepte volontier. Cette oeuvre est de diriger avec d'autres le camp d'extermination de Sobibor qui verra mourir des centaines de milliers de juifs et il en est fier, surtout des chambres à gaz et de la crémation. Il y rencontre alors une servante, Anna Wiesciekiewa, jeune et instruite polonaise dont il tombe amoureux et avec laquelle il commence une relation. C'est d'ailleurs parce qu'il la protège qu'elle n'est pas éliminée au bout de quelques mois. Elle vit mal le travail de Jacques et ferme les yeux sur ce qui se passe tant qu'il n'est pas actif dans une exécution. Elle tombe même enceinte, ce qui n'arrange pas Jacques. Konrad von Lebbe le met justement à l'épreuve de tuer un juif de ses propres mains et ces paroles créeront l'incident. Plusieurs jours plus tard, l'occasion se présente : un jeune enfant (Simon) quitte sans autorisation son groupe pour rejoindre sa mère, Eva Hirschbauw. Il les abat l'un après l'autre, devant les yeux d'Anna qui se trouvait là par hasard. Elle en tombe malade et fait une fausse couche lorsque Jacques déchire les documents qu'elle a pu trouver sur eux. Lorsqu'elle s'en remet, ils quittent Sobibor tous les deux, définitivement.

Personnages

Emma Lachenal : jeune femme très fragilisée qui est notre narratrice. Très en mal avec ses parents dont elle est l'unique enfant, elle a toujours eu des problèmes avec son corps. Elle est beaucoup plus proche de ses grands-parents, qui sont pour elle un modèle : sa grand-mère est sa confidente et lui appris à jouer de la musique alors que son grand-père connait tout de la littérature et de la philosophie.

Mamouchka = Anna Wiesciekiewa : grand-mère paternelle d'Emma, issue d'une famille polonaise instruite. Elle a fuit son pays lors de la seconde guerre mondiale. Elle jouait magnifiquement du violon. Elle très malade dès le début du témoignage d'Emma. Voir résumé pour son histoire.

Eva Hirschbauw : juive arrivée à Sobibor. Morte à Sobibor le 21 mai 1943. Elle a été embarquée son mari, mort dans le convoi, et son fils, Simon.

Jacques Desroches = Karl Frank = "Paul Lachenal" : grand-père paternel d'Emma. Très lettré. Voir résumé pour son histoire.

Konrad von Lebbe : connaissance des Desroches, c'est un allemand qui sert fidèlement le nazisme en tant que "agent secret".

Mr Prade : gérant du supermarché où Emma a volé des biscuits. Il se révèle très humain et de bons conseil lorsqu'Emma retourne le voir.

Julien : petit-ami d'Emma dont elle s'est éloignée lors de la maladie de grand-mère et avec elle rompt après son décès.